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Prisons: trop de différences en Suisse

Les formations pratiques du personnel des prisons sont trop différentes en Suisse pour que le système soit efficace. C'est le directeur de Centre suisse de formation du personnel pénitentiaire, Thomas Noll, qui l'estime dans "Le Temps" de ce mercredi.

31 juil. 2013, 10:45
La mort de Skander Vogt à la prison de Bochuz en 2010 est à l'origine de l'affaire.

La récente évasion de deux détenus au pénitencier de Bochuz (VD) est "le scénario du pire" pour Thomas Noll, le nouveau directeur du Centre suisse de formation pour le personnel pénitentiaire. Pour ce psychiatre et juriste, le système peut être amélioré de manière globale en Suisse.

Le centre de formation basé à Fribourg ne s'occupe que de l'enseignement théorique, rappelle Thomas Noll dans une interview parue mercredi dans "Le Temps". Au niveau de la formation pratique, "nous n'avons aucune vue d'ensemble sur ce que chacun fait ou ne fait pas dans les 109 centres de détention que compte la Suisse". A ses yeux, il faudrait aussi centraliser la pratique.

Base de données centralisée

Thomas Noll évoque la mise sur pied d'une équipe d'experts au niveau suisse qui fasse des visites régulières et spontanées afin de contrôler le niveau de sécurité des prisons. Une autre idée est l'introduction d'une base de données centralisée qui permettrait aux centres de détention d'introduire de manière anonyme tous les incidents qu'ils rencontrent. Ceci "permettrait aux uns d'apprendre des erreurs des autres".

Le gardien de prison ne doit pas être d'abord un policier, mais "quelque part, un thérapeute", poursuit Thomas Noll. Il a la possibilité d'influencer positivement le comportement des détenus.

A propos de la relève, Zurich ne connaît par exemple pas de problèmes majeurs de recrutement, souligne-t-il. A Genève, où 450 nouvelles places de détention seront créées d'ici à 2017, "c'est autre chose". Pour l'instant, Thomas Noll ne voit pas les agents supplémentaires dont le canton aura besoin.

A l'instar d'autres voix, le Bâlois, qui a pris ses fonctions à la mi-juillet, plaide pour la création de structures carcérales nationales. Une seule instance centrale en Suisse serait mieux qualifiée pour estimer les besoins au niveau national que de multiples instances cantonales.

Printemps arabe

Les prisons sont pleines en Suisse romande alors que ce n'est pas le cas en Suisse alémanique, rappelle Thomas Noll. Cela s'explique notamment par le Printemps arabe, dont les effets négatifs sont davantage ressentis en Suisse romande et plus particulièrement à Genève: "Beaucoup de délinquants, maghrébins notamment, y viennent car ils parlent le français". Pour remédier à la situation, on pourrait envisager de placer un francophone chez les germanophones.

Enfin, Thomas Noll explique qu'il est moins onéreux pour la collectivité de prendre correctement en charge certains détenus dangereux, même si cela coûte 600 francs par jour en section thérapeutique. "Une prise en charge correcte peut diminuer leurs risques de récidive et permettre à terme une libération".

 

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