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Presse: "Le Temps" s'installe à Lausanne, pas de licenciements prévus pour l'heure

Depuis que la Comco a avalisé le rachat du journal "Le Temps" par l'éditeur Ringier, les nouvelles se succèdent: nouvelle rédaction en chef, déménagement à Lausanne et aucun licenciement prévu.

10 sept. 2014, 13:11
Une femme lit le journal Le Temps ce vendredi 29 novembre 2013 a Lausanne. Les principaux actionnaires du quotidien romand Le Temps, les societes Ringier et Tamedia, cherhent actuellement a vendre leurs parts du journal base a Geneve. La date butoir de depot des dossiers de candidature au rachat du journal est fixee a samedi 30 novembre. On connaitra le nom du nouveau proprietaire au premier semestre 2014. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)

La rédaction du "Temps" va quitter Genève pour Lausanne. Ce déménagement a été annoncé mercredi par Ringier, qui a récemment racheté le quotidien. En regroupant les forces du journal dans la capitale vaudoise, l'éditeur veut créer des synergies avec "L'Hebdo" et "Edelweiss", deux autres de ses titres. Les trois publications disposeront d'une "newsroom" commune.

La solution du déménagement à Lausanne, au siège de Ringier Romandie, est la seule, selon l'éditeur alémanique, qui permette d'exploiter au mieux le potentiel de synergies. Pour l'instant, aucun licenciement n'est planifié au "Temps", qui emploie quelque 140 collaborateurs. Mais rien n'est exclu sur le plus long terme.

La réorganisation, qui deviendra effective au cours du deuxième trimestre 2015, pourrait révéler des doublons qui pourraient mener à des suppressions d'emplois. Ringier, par la voix de sa porte-parole Danja Spring, a toutefois assuré qu'en cas de licenciements, des mesures d'accompagnement seraient envisagées.

Comme à Zurich

A Lausanne, Ringier va faire comme à Zurich avec le groupe "Blick", en mettant sur pied une "newsroom" où seront réunies les rédactions du "Temps", de "L'Hebdo" et d'"Edelweiss". Les trois titres pourront tirer parti de cette plate-forme pour échanger du contenu. En revanche, ils resteront indépendants sur le plan publicitaire.

Les journalistes du "Temps" veulent être associés à la mise en place de la nouvelle collaboration qui va s'instaurer via la "newsroom". Ils ont rencontré mercredi à Genève pendant une heure trente les responsables de Ringier et du journal, a indiqué à l'ats Anouch Seydtaghia, porte-parole de la Société des rédacteurs et du personnel.

Marc Walder, directeur général du groupe Ringier, Daniel Pillard, directeur de Ringier Romandie et Stéphane Garelli, président du conseil d'administration du "Temps", n'ont pas donné d'éléments concrets sur cette collaboration au jour le jour. Ce changement doit se faire "avec nous", affirme Anouch Seydtaghia.

En revanche, les trois responsables ont promis de respecter la ligne éditoriale du "Temps". Les collaborateurs ne sont "pas contents" du déménagement à Lausanne, notamment par rapport au poids de Genève en matière de finance et de relations internationales. Une rédaction régionale d'une dizaine de places sera maintenue au bout du lac.

Nouveau rédacteur en chef

La réorganisation de Ringier Romandie s'accompagnera d'un changement de personne à la tête du "Temps". Le rédacteur en chef du magazine économique "Bilan" Stéphane Benoit-Godet, 44 ans, prendra les rênes du journal dès le 1er avril 2015, en remplacement de Pierre Veya. La directrice du "Temps" Valérie Boagno va aussi quitter l'entreprise.

Ringier entend consolider "Le Temps" et le conduire "vers l'avenir numérique". L'offre du quotidien sur internet sera considérablement étoffée. Un groupe de projet va être mis sur pied afin "de donner forme aux changements prévus" et les mettre en oeuvre, a fait savoir l'éditeur alémanique.

Jean qui rit, Jean qui pleure

Impressum fait part de son "inquiétude pour l'emploi". Le syndicat des journalistes regrette que la rédaction et les collaborateurs n'aient pas été associés plus tôt aux changements envisagés par la direction.

Le Cercle des Amis du Temps réitère aussi ses inquiétudes. Selon lui, les mesures préconisées ne sont pas garantes de la pérennité du titre. Seuls des investissements conséquents dans les nouvelles technologies permettraient d'inverser la spirale du déclin, estime-t-il.

A Genève, le déménagement de l'essentiel de la rédaction du journal à Lausanne n'est certes pas "réjouissant", selon le président du Conseil d'Etat François Longchamp, mais l'essentiel porte sur l'avenir du quotidien. Le ministre PLR se montre circonspect concernant la pérennité du "Temps" au sein d'une "newsroom" réunissant deux autres titres du groupe de presse.

L'analyse de son homologue vaudois est proche: l'enjeu pour "Le Temps" n'est pas dans sa localisation, estime le conseiller d'Etat Pascal Broulis. "Le plus important, c'est que ce quotidien trouve une stratégie pour se consolider et se déployer", a dit le ministre PLR.

Avis divergents dans la presse

Dans le milieu de la presse, les avis sont plus divergents. Le personnel du "Temps" constate que tous ces changements marquent "une rupture profonde" avec l'histoire et l'identité du titre.

Pour François Gross, ancien rédacteur de "La Liberté", le départ du "Temps" de Genève est "un coup dur". En revanche, pour l'ancien rédacteur en chef du "Matin", Peter Rothenbühler, quitter Genève pour Lausanne se résume à "changer de quartier dans la métropole lémanique".

Vente en 2013

"Le Temps" avait été mis en vente en octobre 2013 par ses deux actionnaires principaux, Ringier et Tamedia. En avril dernier, Ringier, qui détenait déjà 46,25% du journal, s'est décidé à racheter les parts de Tamedia (46,25%). La Commission de la concurrence a donné la semaine dernière son feu vert à l'opération.

Le capital restant du "Temps" qui n'est pas en main de Ringier est détenu par le banquier genevois Claude Demole (3%), la Société des rédacteurs et du personnel du "Temps" (2,4%) et la Société éditrice du "Monde" (2,1%). "Le Temps", qui a vu le jour en 1998, compte 99'000 lecteurs (MACH Basic 2014-2) et est tiré à 39'716 exemplaires.

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