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Pour une hausse à petites doses de l'âge de la retraite

Augmenter l'âge de la retraite d'un mois chaque année jusqu'à atteindre 67 ans en 2026. En lançant cette idée, Avenir Suisse rouvre le débat…

14 oct. 2009, 09:17

Avenir Suisse a une idée pour faire passer la pilule de la retraite à 67 ans: l'homéopathie. Hier à Berne, ce groupe de travail financé par des grandes entreprises helvétiques a en effet présenté une étude préconisant d'augmenter progressivement l'âge de l'entrée en retraite d'un à deux mois par année, ceci dès 2011. En 2018, on atteindrait 66 ans et en 2026, les personnes nées en 1959 pourraient prendre leur retraite… à 67 ans, soit l'âge maudit qui a valu tant de désamours au Parti radical et à son ministre Pascal Couchepin.

Les politiciens actuellement enlisés dans la 11e révision de l'AVS reconnaissent le mérite d'Avenir Suisse de relancer le débat, sans pour autant partager ses conclusions. Le PRD défend par exemple l'idée d'introduire la flexibilité vers le haut, et pas uniquement vers le bas comme le souhaitent la gauche et les syndicats. Vice-présidente de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique, Thérèse Meyer (PDC /FR) annonce qu'elle prépare de son côté un système différencié. Dans son modèle, l'âge de la retraite dépendrait de quatre facteurs, dont la somme cotisée, les années de vie active, l'âge et la pénibilité de la profession.

Les propositions affluent car le constat est là: les réserves de l'AVS vont très rapidement s'épuiser si rien n'est entrepris pour adapter le système au vieillissement de la population. Dans son étude, Avenir Suisse relève que dans les premières années de l'AVS, acceptée par le peuple en 1947, les hommes ont bénéficié en moyenne d'une retraite pendant 12 ans et les femmes pendant 14 ans. Aujourd'hui, cette durée est augmentée de 6 ans chez les hommes et de 8 ans chez les femmes. Autre donnée préoccupante, lors de l'introduction de l'AVS, il y avait 6,4 travailleurs pour un rentier. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 3,7 et selon les statistiques, le rapport ne sera plus que de deux actifs pour un retraité en 2035, lorsque les générations issues des années à forte natalité poseront définitivement leur crayon.

«Si on regarde l'histoire de l'AVS, on se rend compte qu'elle est pleine de préavis de catastrophes qui ne se sont jamais produites», lance Jean-Pierre Fragnière, jadis professeur de sociologie et politique sociale à Lausanne, lequel estime que si on suit l'idée d'Avenir Suisse sans offrir la flexibilité et améliorer le sort des travailleurs à la fin de leur parcours professionnel, on ne résoudra aucun problème. «D'accord, l'AVS sera peut-être sauvée. Mais tous ceux qui n'arriveront pas à suivre, qui sont usés, iront frapper à la porte d'autres assurances sociales, dont l'AI, et on revient au point de départ!»

Professeur à l'Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP), Giuliano Bonoli reconnaît pour sa part que la proposition d'Avenir Suisse a le mérite de relancer le débat. «Le problème, c'est sa faisabilité politique, explique-t-il. En Suisse, les réformes sociales ne réussissent que si elles sont équilibrées.» D'ailleurs, le professeur de l'IDHEAP préconise de laisser tomber la notion d'âge dans les futures révisions de l'AVS pour se concentrer sur deux autres possibilités pour maintenir cette assurance sociale à flot: trouver des ressources supplémentaires et revoir le montant des rentes. /MAG

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