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Pour combattre les discriminations, la persécution des Yéniches devrait entrer dans les livres d'histoire

Victimes de préjugés et de discrimination, le passé sombre de la communauté des Yéniches devrait être inscrite dans les livres d'histoire. La Société pour les peuples menacés déplore l'attitude de la population et des autorités à leur égare.

03 juin 2016, 12:18
L'utilisation du terme "gens du voyage" démontre à lui seul que la discussion est entachée de préjugés. (Archive)

 

L'histoire des Yéniches en Suisse et leur persécution par les autorités de l'époque doit entrer dans les livres d'histoire. C'est ce que demande la Société pour les peuples menacés (SPM) dans un communiqué publié vendredi.

Il y a 30 ans, plus de dix ans après les révélations du Beobachter, le Conseil fédéral s'excusait pour le cofinancement par la Confédération de "l'oeuvre d'entraide des enfants de la grand-route". Ce projet, mené par la fondation Pro Juventute et l'Oeuvre séraphique catholique entre 1926 et 1972, avait arraché près de 600 enfants yéniches à leurs parents.

Pour que le destin de ces enfants ne sombre pas dans l'oubli, la SPM demande que ces pages sombres de l'histoire suisse soient inscrites dans les livres d'histoire. La conseillère nationale Barbara Gysi (PS/SG) a déposé une interpellation dans ce sens, précise le communiqué.

Reproduction des stéréotypes

"Le manque de confrontation avec le passé entraîne une reproduction des stéréotypes et des préjugés sans que ceux-ci soient remis en question, et les autorités ne font pas exception sur ce point", déplore la SPM. L'organisation rappelle qu'aujourd'hui encore, les Yéniches de Suisse sont victimes de discriminations.

Trente ans après les excuses de la Confédération, les Yéniches - tout comme les Roms et les Sinti - sont encore discriminés en Suisse. Leurs préoccupations sont souvent renvoyées aux calendes grecques, souligne la SPM.

L'utilisation du terme "gens du voyage" démontre à lui seul que la discussion est entachée de préjugés, note la SPM. En effet, quelque 3000 Yéniches pratiquent encore le semi-nomadisme en Suisse et rencontrent de grands problèmes pour obtenir des places. La majorité des Yéniches, près de 30'000 personnes, est sédentaire.

Incrédulité de l'époque

La Société pour les peuples menacés (SPM) et les représentants de plusieurs organisations yéniches se sont souvenus des événements passés jeudi à Berne à l'occasion d'une table ronde. L'historien Thomas Huonker, le journaliste Hans Caprez qui avait rendu l'affaire publique, Sandra Gerzner, de l'organisation Citoyens Nomades Suisse, et Uschi Waser, présidente de Naschet Jenische, ont évoqué leurs souvenirs en présence de plusieurs représentants des autorités.

Les intervenants ont notamment raconté comment, à l'époque, les révélations du Beobachter avaient suscité une levée de boucliers au sein de la population et des autorités. Au début, personne ne voulait croire qu'une telle chose s'était passée en Suisse et de nombreux abonnés du Beobachter ont résilié leurs abonnements. Ils ont aussi évoqué les graves conséquences que ce projet avait eues sur les enfants yéniches enlevés à leurs parents.

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