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Point de vue de Manon Schick: «L’hypocrisie du Conseil fédéral sur l’exportation d’armes»

«Il en va de l’image de la Suisse et de sa tradition humanitaire», écrit Manon Schick, directrice d’Amnesty International Suisse. Elle s’insurge contre l’assouplissement de l’ordonnance sur le matériel de guerre. Découvrez son point de vue: comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

07 sept. 2018, 12:01
"Paix", réclament des manifestantes à Berne en protestant contre l'assouplissement des règles d'exportation d'armes.

Didier Burkhalter n’en avait pas fait mystère: il était opposé à ce que la Suisse exporte des armes vers des pays en conflit interne. Depuis son départ, la majorité du Conseil fédéral a basculé en faveur d’un assouplissement de la pratique actuelle. En clair: il faut pouvoir exporter des armes, peu importe la destination. Un changement de cap dénoncé par le président du CICR, Peter Maurer: il en va de l’image de la Suisse et de sa tradition humanitaire.

Il faut dire que cela risque de faire tache: la Suisse livrerait d’une main des armes à des pays en guerre civile et de l’autre financerait des programmes humanitaires pour sauver des vies dans ces mêmes pays… Quelle hypocrisie! 

Le Contrôle fédéral des finances vient en plus de critiquer sévèrement la façon dont la loi est contournée par notre industrie, souvent avec la bénédiction du Secrétariat d’Etat à l’économie. Proportionnellement, le nombre de refus d’autorisations reste faible et les entreprises d’armement utilisent par ailleurs des mécanismes sophistiqués via leurs filiales à l’étranger pour contourner les rares refus.

Le Conseil fédéral ferait mieux de contrôler plus strictement l’application actuelle de la loi plutôt que de vouloir encore l’assouplir. La Suisse n’a rien à gagner à autoriser quelques millions supplémentaires d’exportations d’armes. 
Nous avons par contre beaucoup à perdre, bien davantage que notre réputation: les guerres produisent leur lot de blessés, de destructions et de réfugiés, qui coûtent bien plus cher que ces gains à court terme.

Débat sur les exportations d’armes le mercredi 3 octobre à 19h, à l’Auditoire du Muséum d’histoire naturelle à Neuchâtel, avec Raphaël Comte, Laurent Götschel et Manon Schick. Entrée libre. 

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