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Point de vue d’Yves Sandoz: «Une initiative pour un affaiblissement de la Suisse dans le monde»

«Il ne suffit pourtant pas de clamer 'Switzerland First'», juge Yves Sandoz, professeur honoraire de droit international humanitaire. Il évoque ici l’initiative dite d d’autodétermination. Comme d’autres personnalités locales, nous l’invitons à s’exprimer régulièrement sur des sujets d’actualité.

09 nov. 2018, 12:01
Le Tribunal fédéral devrait, si l'initiative de l'UDC était acceptée, faire primer le droit suisse sur le droit international.

La tactique populiste est d’identifier l’individu, auquel on s’adresse au peuple, et de s’ériger en seul défenseur de celui-ci, contre tout autre pouvoir. Le droit international et les juges de la Cour européenne des droits de l’homme, en particulier, remettraient en question le pouvoir du peuple, donc le vôtre, nous dit-on: ne tombons pas dans ce piège.

En réalité, le droit international est la seule arme dont dispose notre pays face à des diktats basés sur un pur rapport de force, comme celui du président Trump qui, à cheval sur son slogan «America First», prétend interdire à notre industrie tout rapport avec l’Iran. 

Il ne suffit pourtant pas de clamer «Switzerland First» avec un regard embué sur Guillaume Tell défiant Gessler pour imposer quoi que ce soit à qui que ce soit. 

C’est bien en faisant tout ce qu’il peut pour développer et défendre le droit international que notre pays peut préserver sa souveraineté et contribuer à une résolution pacifique des grands défis planétaires.

Quant à la Cour européenne des droits de l’homme, elle a précisément pour rôle de défendre les droits individuels contre les abus de pouvoir, ce qu’elle a fait à maintes reprises, y compris en Suisse d’ailleurs en mettant notamment fin à des pratiques abusives d’internement ou en permettant aux victimes de l’amiante de faire valoir leurs droits. 

Or il est incontestable que l’acceptation de l’initiative pour la primauté du droit suisse affaiblirait le droit international en général, soit notre principal atout dans la partie de poker que jouent les grandes puissances peu soucieuses du bien commun de l’humanité, et porterait en particulier une grave atteinte aux droits de l’homme, dont les violations massives sont une des causes principales des flux migratoires que l’on craint tant. 

C’est avec un regard lucide tourné vers l’avenir et non la nostalgie d’un passé imaginaire qu’il faut donc rejeter sans hésiter l’initiative «sur la primauté du droit suisse», qui serait plus justement nommée «pour l’affaiblissement de la Suisse dans le monde».

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