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Pierre Maudet tire à boulets rouges contre Maurer

18 janv. 2011, 16:29

Le municipal de Genève Pierre Maudet n'y tenait plus. Selon lui, le Rapport sur la politique de sécurité 2010, élaboré par le ministre de la Défense Ueli Maurer, n'est qu'une «énumération des menaces, sans aucune priorité ni stratégie claire pour s'en prémunir». Il n'est pas seul à le penser, mais la démotivation règne. Alors il publie (à compte d'auteur) un contre-rapport, un «vrai», pour lancer le débat sur des bases plus réalistes.

Pour le présenter, Pierre Maudet s'était entouré hier de Christophe Keckeis, ancien chef de l'armée, de Peter Arbenz, ancien directeur de l'Office fédéral des réfugiés et inspecteur des forces de l'ONU en ex-Yougoslavie, et de Pierre Aeppli, ancien chef de la Police cantonale vaudoise. Tous trois partagent ses constats et sa volonté d'agir, pas forcément toutes ses analyses. Il faut dire que certaines thèses brisent de solides tabous. D'abord, la Suisse est «isolée», ayant refusé les alliances (UE, Otan) après la guerre froide où sa neutralité lui avait permis de jouer un rôle spécifique. Mais aujourd'hui, elle «n'est plus considérée comme neutre», dit Pierre Maudet. Les conflits potentiels ne sont plus de type classique (entre pays ou blocs): la menace est devenue «multipolaire». Et on ne peut pas être neutre face au terrorisme.

Avec des forces de sécurité cloisonnées, collaborant mal à l'interne et avec l'extérieur, manquant de moyens, la Suisse laisse échapper des criminels et des terroristes. Et les partenaires étrangers ne lui font plus confiance: c'est le «maillon faible du dispositif de sécurité occidental». Autre menace multipolaire, les «cyber-attaques» ont commencé. Elles peuvent venir de partout, provoquant d'énormes dégâts avec peu de moyens financiers. Alors? Il faut évidemment développer des services de renseignements efficaces, pour le Conseil fédéral, l'armée, la police. Et consacrer davantage que 25 millions à la sécurité des infrastructures informatiques. Pour Pierre Maudet, l'efficacité passe par la création d'un Département fédéral de la sécurité (défense, police, gardes-frontière, sécurité nucléaire, informatique, cellules «prises d'otages et chantage», pandémies).

Concernant plus spécifiquement l'armée, le municipal libéral-radical propose qu'on inverse la démarche: d'abord définir les missions, ensuite parler des effectifs nécessaires. Vu l'évolution du risque, on peut se passer de l'artillerie lourde ou des troupes de fortification. Comme la sécurité en Suisse se joue pour une bonne part à l'étranger (des troubles au Nigeria entraînant l'arrivée de trafiquants), il fait intensifier les missions à l'étranger.

Pour disposer de petites structures mobiles, rapides, qualifiées et «interopérables» avec les forces de l'Otan et de l'UE, une «armée de milice volontaire» de 20 000 hommes et femmes (engagés pour trois ou quatre ans) devrait suffire. Avec une aviation, trois brigades mécanisées interarmes, un bataillon d'aide en cas de catastrophe, une cellule de cyber-attaque. Le rapport Maudet a été envoyé aux commissions parlementaires: à elles de relancer le débat.

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