C’est l’histoire d’un peuple aux bras noueux, mais aux doigts de fées, capable de dompter le cheval et de maîtriser le temps. C’est l’histoire de petites gens, vivant modestement sur une terre ingrate, dans le climat rude et austère de l’Arc jurassien, mais dont la renommée a traversé les mers et les océans. C’est l’histoire d’ingénieux artisans, débrouilles et commerçants, qui ont contribué à la réputation de la Suisse des montres, des banques et du chocolat. Une histoire légendaire et pourtant bien réelle: celle des paysans-horlogers.
Le mythe est né d’une image bucolique, volontiers entretenue au XXe siècle dans l’histoire de l’horlogerie jurassienne. Dans sa «Lettre à d’Alembert sur les spectacles», publiée en 1758, Jean-Jacques Rousseau décrit la vie de ces paysans des «environs de Neufchâtel»: «L’hiver surtout, temps où la hauteur des neiges leur ôte une communication facile, chacun renfermé bien chaudement, avec sa nombreuse famille, dans sa...