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Les syndicats s'attaquent aux différences salariales

27 avr. 2011, 16:12

La répartition de la richesse en Suisse est devenue de plus en plus inégalitaire ces 15 dernières années, s'alarme l'Union syndicale suisse (USS). «Les inégalités se sont accentuées de manière proprement incroyable», a martelé l'USS hier devant la presse à Berne. Quelques jours avant les manifestations de la Fête du travail, dimanche, l'organisation y a présenté un rapport sur la répartition de la richesse dans le pays, «comblant ainsi un vide statistique».

Entre 1998 et 2008, les 40 000 salariés les mieux rémunérés ont vu leurs revenus réels progresser de 20%, alors que les bas et les moyens salaires n'ont augmenté que de deux à quatre pour cent, explique l'USS. En outre, ces derniers ont ressenti de plein fouet l'augmentation des primes de caisses-maladie ainsi que celle d'autres taxes.

Au final, la légère hausse dont ont bénéficié les personnes à bas et moyens revenus a presque été réduite à néant, résume Daniel Lampart, économiste en chef de l'USS. Une grande injustice, poursuit-il, car, sur la même période, le PIB par tête a progressé de 9,1%. Cette richesse supplémentaire a surtout fini dans les poches des nantis, se désole Paul Rechsteiner, président de l'USS.

Virage exigé en matière de politique salariale

Pour remédier à cette situation, l'USS exige un virage en matière de politique salariale. Elle demande des «hausses générales des salaires réels». L'USS rappelle aussi que son initiative sur les salaires minimaux permettrait d'ancrer dans la loi un seuil obligatoire de 22 francs l'heure et de renforcer les conventions collectives de travail (CCT).

Il faut également en finir avec les bonus versés dans certaines branches, très dommageables à la répartition de la richesse, indique Daniel Lampart. Pour plus de justice, il faut que le 13e salaire vienne remplacer les bonus, exige-t-il.

Impôts

La politique fiscale est également dans la ligne de mire de l'organisation syndicale. Les hauts revenus paient aujourd'hui sept milliards de francs d'impôts de moins qu'il y a dix ans, s'étrangle Paul Rechsteiner.

Dans le même registre, il évoque l'évolution de la fortune. En 1997, les 4,3% les plus riches possédaient une fortune égale au reste de la population. En 2007, c'était les 2,2% les plus riches qui détenaient la même fortune que les 97,8% restant. Cette évolution «aberrante» s'explique notamment par «la suppression à grande échelle de l'impôt sur les successions et par la forte diminution de l'impôt sur la fortune dans les cantons», dénonce Paul Rechsteiner.

En outre, l'USS regrette les résultats de la réforme de l'imposition des entreprises II. Celle-ci pourrait coûter plusieurs milliards de francs à la Confédération en allègement fiscaux au lieu des centaines de millions annoncés. Cette réforme apparaît ainsi «comme une pure escroquerie, qui offre des milliards de cadeaux aux gros actionnaires».

Lacune statistique

Le rapport de l'USS sur la répartition de la richesse est l'un des premiers à se pencher sérieusement sur la question en Suisse, s'étonne Paul Rechsteiner. Une lacune statistique qui n'est sans doute pas un hasard, avance Daniel Lampart. Il n'est pas dans l'intérêt du Conseil fédéral ou du Parlement de montrer à la population les conséquences des politiques fiscale et salariale menées jusqu'ici. / ats

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