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Les six semaines de vacances sèchement rejetées

A presque deux contre un, le Conseil national refuse toute augmentation de la durée légale des vacances, que ce soit à six ou à cinq semaines. Pour ne pas pénaliser l'économie. La gauche n'a pu obtenir un meilleur partage des gains de productivité.

18 mars 2011, 10:28

«Tous les travailleurs ont droit à des vacances payées de six semaines par an au minimum». Cette initiative populaire, déposée mi-2009 par le syndicat Travail. Suisse, était soumise hier au Conseil national, avec d'autres propositions plus prudentes. Les députés ont débattu cinq heures de cette revendication sociale pour, au final, rejeter toutes les variantes. L'initiative par 110 voix 61 et le texte le plus modéré par 100 contre 72. Le Conseil des Etats fera sans doute de même. Et le peuple tranchera.

A l'appui de son initiative, Travail. Suisse soulignait la forte augmentation de la productivité de ces 15 à 20 dernières années et, comme conséquence, la charge accrue qui pèse sur les travailleurs. La crainte de ne pas suivre le rythme, de perdre son emploi ou de subir une pression sans pouvoir réagir: tout cela engendre un stress qui se traduit, selon le très officiel Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), par des dégâts sociaux et un coût économique évalué à 10 milliards de francs par an. «S'imaginer qu'on peut occulter cela et se dispenser d'une analyse plus globale et sereine de la société, c'est aller dans le mur», dénonce Dominique de Buman (PDC/FR), auteur d'une proposition se limitant à une cinquième semaine dès l'âge de 50 ans. Stéphane Rossini (PS/VS) replace la discussion dans son contexte politique: «Aucun progrès social n'a jamais été offert aux gens, il a toujours été conquis de haute lutte, par des mouvements sociaux et des débats comme celui d'aujourd'hui».

La norme légale, dans le Code des obligations, est aujourd'hui de quatre semaines. C'est la dernière percée, et elle date de 1984, a rappelé Jean-Claude Rennwald (PS/JU). A ceux qui donnent le contre-exemple des conventions collectives de travail (CCT), qui offrent généralement davantage, le député jurassien rétorque que plus de la moitié des travailleurs ne sont pas couverts par une CCT. Le Suisse travaille, en moyenne, 44 heures par semaine, un record en Europe, remarque-t-il.

«Le nombre d'heures supplémentaires accumulées en une année se chiffre à 186 millions», ajoute Jacques-André Maire (PS/NE): c'est l'équivalent de 100 000 emplois. «Peut-on se payer le luxe de six semaines de vacances? Oui: la productivité ayant augmenté de 21% en vingt ans et les salaires réels de 4,3%, on voit qu'il y a de la marge. Et les travailleurs ont droit à une partie de ce gâteau, pas seulement les actionnaires et les grands managers», dit-il.

En face, c'est le refus. Charles Favre (PLR/VD) refusera toutes les propositions parce qu'il éprouve un «grand doute» sur le lien entre une semaine de vacances supplémentaire et la diminution du stress ou du nombre de cas d'invalidité liée au travail. Au contraire, estime-t-il: il faudra travailler autant en moins de temps, ce qui augmentera le stress. Et on ne pourrait plus, durant dix ans, convertir les gains de productivité en hausses de salaires, ajoute Jean-Pierre Graber (UDC/BE).

Jean-François Rime (UDC/FR) est persuadé que «la plupart de gens sont surtout sensibles au problème du salaire, plus qu'aux horaires et aux vacances». Avec une telle initiative, dit-il, la réaction serait d'investir, d'acheter des machines et de supprimer des emplois - «les machines n'ayant pas encore six semaines de vacances», ironise-t-il. /FNU

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