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Les révoltes d'Afrique du Nord et la Suisse

17 mars 2011, 12:02

Le Conseil national voulait un débat urgent sur les révoltes qui secouent les pays d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et du Golfe. Il l'a tenu hier: 25 orateurs se sont succédé à la tribune pour se livrer à des analyses très diverses des enjeux. Si certains y voient d'abord une chance pour l'établissement de régimes démocratiques, d'autres craignent surtout d'importants flux migratoires vers l'Europe. Et Micheline Calmy-Rey a dû répondre à plusieurs critiques adressées au Conseil fédéral.

A gauche, on appelle à la solidarité avec les peuples qui se révoltent. «On constate qu'il existe aussi des voies civiles pour se libérer», note Ueli Leuenberger, président des Verts, prenant le contre-exemple de l'intervention américaine en Irak. Carlo Sommaruga (PS /GE) exige une politique étrangère qui distingue les pays dictatoriaux et démocratiques. «Ces événements sont-ils une chance ou un problème?», demande Ricardo Lumengo (PS /BE) à ceux qui ne pensent qu'à fermer les frontières.

Le député de Bienne préconise d'ailleurs une intervention militaire internationale pour secourir les insurgés libyens, «sinon il faudra accueillir un contingent de 30 000 réfugiés». La gauche exige une pratique beaucoup plus stricte concernant les ventes d'armes, ainsi que l'accueil de fonds étrangers. «C'est bien de pouvoir bloquer des comptes, c'est encore mieux d'empêcher que des potentats et leur clan puissent en ouvrir, avec de l'argent volé», lance Suzanne Leutenegger-Oberholzer (PS /BL).

L'UDC s'en prend directement à la politique d'asile, jugée toujours trop laxiste. Le Vaudois Jean-Pierre Grin s'attend à une «invasion» de migrants qui, selon l'Argovienne Sylvia Flückiger, vont affluer dans les cantons et communes. «Attention aux faux messages: parler de lits disponibles dans les cantonnements militaires et de renvois rapides, c'est déjà montrer qu'on peut accueillir des gens», répond le Zurichois Hans Fehr à Philippe Müller (PLR /AG), qui envisage cette solution de secours.

«Mais cet afflux n'a pas lieu», rétorquent le Genevois Hugues Hiltpold (PLR) et la Grisonne Brigitta Gadient (PBD). Un constat que confirme Micheline Calmy-Rey. Il y a 267 000 travailleurs étrangers en Libye qui fuient les combats, en direction de la Tunisie, de l'Egypte, du Niger et de l'Algérie. Et 9000 personnes (en majorité tunisiennes) ont débarqué sur l'île italienne de Lampedusa, mais il s'agit plutôt d'hommes jeunes en quête de travail, qui ne répondent pas aux critères de l'asile.

La ministre des Affaires étrangères a détaillé l'analyse de la situation et la stratégie de la Suisse, précisant bien qu'elle parlait au nom du collège gouvernemental - sous-entendant qu'elle pourrait quant à elle tenir d'autres propos. L'action de la Suisse va de l'aide humanitaire aux insurgés libyens à l'envoi de conseillers juridiques en Tunisie, en passant par un dispositif d'«aide à la transition» pour des réformes structurelles, le développement économique, le traitement des eaux, la pauvreté. Le Conseil fédéral estime par ailleurs que les ventes d'armes vers les pays concernés sont quasiment nulles. François Nussbaum

François Nussbaum

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