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Les recettes des entreprises pour contrer la cherté du franc

La cherté du franc donne du fil à retordre aux entreprises exportatrices suisses. Pour lutter contre l'érosion de leurs marges, elles ont recours à toutes sortes de stratégies. Mais les moyens à disposition ne suffiront pas à toutes les sortir de ce mauvais pas.

07 janv. 2011, 08:43

Dans le canton de Vaud, le fabricant d'instruments de mesure de température et de pression Rüeger fait la grimace. Avec 90% de produits destinés à l'exportation, il a été frappé de plein fouet par l'envolée du franc face aux autres devises.

«Pour compenser les pertes, nous réduisons les coûts en achetant des matières premières en euros ou en dollars», explique son patron, Bernard Rüeger, qui porte également la casquette du président de la chambre vaudoise du commerce et de l'industrie. «Nous essayons aussi de conserver nos comptes en monnaies étrangères. Mais chez nous, les salaires sont payés en francs.» Autre phénomène observé: certains exportateurs paient leurs fournisseurs locaux en euros, leur transmettant ainsi une partie du risque. «Mais pour l'instant il est difficile d'évaluer s'il s'agit d'une réelle tendance ou de cas isolés», nuance Ivo Zimmermann, porte-parole de Swissmem, l'organisation faîtière de l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM). L'industrie d'exportation se tourne par ailleurs vers des outils financiers afin de se prémunir des effets de change. Du côté de la Fédération des entreprises suisses, Economiesuisse, on observe aussi un recours au gel des embauches.

Attaquant le problème par l'autre bout, certains ont décidé d'agir sur leurs prix. C'est par exemple le cas dans l'horlogerie. «Plusieurs acteurs ont opéré des hausses de leurs tarifs», indique le président de la Fédération de l'industrie horlogère suisse, Jean-Daniel Pasche. «Mais l'exercice comporte toujours le risque de perdre sa place.»

Seule une petite partie des sociétés touchées par la hausse du franc ont donc fait appel à cette solution: 20% selon un sondage de la Banque nationale suisse publié fin décembre.

Le franc devrait désormais cesser de prendre de la valeur, mais les observateurs prévoient qu'il se maintiendra à des niveaux douloureux pour l'industrie d'exportation dans les mois à venir. Economiesuisse table sur un cours moyen à 1fr.33 (contre 1fr.26 actuellement) pour un euro pour l'année 2011. Les entreprises devront continuer de s'adapter. «Il y a un risque de délocalisation», note Bernard Rüeger. «Plutôt que de s'approvisionner sur le marché local, les entreprises s'orienteront vers les pays limitrophes, mettant ainsi en danger les sous-traitants locaux». De l'avis des experts des organisations économiques, l'économie suisse sera forcée d'innover pour regagner en compétitivité.

Pour le moment, si les mesures prises permettent aux entreprises suisses de limiter les dégâts, «elles enregistrent tout de même des réductions conséquentes de leurs marges. Une amélioration de la productivité prend du temps», note Rudolf Minsch, économiste en chef d'Economiesuisse.

A ses yeux, la batterie de mesures évoquées «va certainement suffir» pour maintenir à flots les sociétés en bonne santé, mais il faut aussi s'attendre à des suppressions d'emplois, des rachats ou même des disparitions d'entreprises.

Pour autant, le moral des entrepreneurs reste bon. La plupart d'entre eux jugent la situation difficile, mais la considèrent aussi comme un défi à surmonter. «On prévoit toujours une hausse de la demande sur les marchés mondiaux, et cette hausse peut en partie compenser la force du franc», conclut Rudolf Minsch. /SOG-ats

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