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Les paysans divisés face à Berne

Appuyées par le vigneron Willy Cretegny, deux sections d'Uniterre ont lancé hier un référendum contre la nouvelle politique agricole.

11 avr. 2013, 00:01
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Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann n'en a pas fini de se frotter au monde paysan. Mis sous toit par le parlement en mars, son projet de politique agricole pour la période 2014-2017 est attaqué par deux sections du syndicat Uniterre qui, avec l'appui d'autres organisations, ont lancé hier un référendum. Ce petit groupe ne devrait bénéficier que d'un soutien limité de la part du milieu agricole. Le comité de l'Union suisse des paysans, qui doit encore consulter sa base, a renoncé à l'idée d'en référer au peuple.

 

L'exemple des lasagnes

 

"On ne peut pas se plaindre d'avoir du cheval à la place du boeuf si on abandonne tout principe de précaution!" Surfant sur la vague de mécontentement provoquée par le récent scandale des lasagnes, le comité référendaire joue à fond la carte de la protection des produits du terroir. Aux côtés des sections genevoise et zurichoise d'Uniterre, on y retrouve le remuant Willy Cretegny, fondateur de l'organisation La Vrille.

Le credo du vigneron genevois est repris par ses alliés d'Uniterre: "Une société intelligente commence par manger ce qui pousse dans son jardin, avant d'importer des produits de l'autre bout de la planète" . Selon Rudi Berli, responsable de la section genevoise, la Suisse présente un des taux d'auto-approvisionnement les plus bas au monde, et qui diminue de 10% tous les dix ans.

Pour ses détracteurs, la nouvelle politique agricole n'apporte rien de concret pour remédier à cette situation. Certes, le principe de souveraineté alimentaire est inscrit dans le texte, mais ce n'est qu'un "voeu pieux" , déplore Willy Cretegny, fâché de voir toujours plus d'aliments de l'étranger proposés au consommateur alors que les paysans suisses peinent à écouler leur production. Les référendaires en appellent donc à la mise en place de mesures protectionnistes, par exemple en augmentant les droits de douane.

Pour rappel, la nouvelle politique agricole prévoit une enveloppe de 13,8 milliards de francs sur quatre ans pour les agriculteurs. Avec plus de 2,8 milliards par année, les paiements directs se taillent la part du lion. Avec l'abandon de la "prime à la vache" , ils ne dépendront plus du nombre de bêtes, mais de la taille de la surface exploitée.

Les référendaires, qui se savent appuyés par l'UDC, ne seront que peu soutenus par leurs confrères agriculteurs. Le 21 mars, le comité de l'Union suisse des paysans (USP) annonçait qu'il ne souhaitait pas lancer un référendum. Cette recommandation, adoptée par 19 voix contre une, s'adresse à la Chambre d'agriculture, qui aura le dernier mot lors de son assemblée du 26 avril.

Selon Jacques Bourgeois, directeur de l'USP, le fait que d'autres lancent le référendum ne change rien à l'affaire. "On ne va certainement pas le soutenir" , prévient-il. Si le référendum aboutit et qu'il obtient gain de cause devant le peuple, le conseiller national PLR évoque le risque de tout perdre. " Ce serait alors une remise en question complète du projet, y compris des 13,8 milliards qui sont promis aux paysans" , évalue le Fribourgeois.

 

Mauvais pour l'image

 

L e point de vue du comité de l'USP est largement suivi. Vendredi dernier, l'ensemble des chambres d'agriculture romandes se sont prononcées contre le référendum. Celle du canton de Vaud a été l'une des premières à prendre position. "Il ne faut pas lâcher la proie pour l'ombre", résume Jacques-Henri Addor, de Prométerre, qui se contente d'un projet "acceptable". Le Vaudois redoute les effets d'un scrutin populaire. "Les paysans ont déjà la réputation de se plaindre souvent. Finalement, il est à craindre que ce sera un référendum sur l'image que la population se fait de l'agriculture..."

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