L'ex-patron de La Poste Jean-Noël Rey, 66 ans, a perdu la vie vendredi soir dans un attentat terroriste à Ouagadougou, au Burkina Faso, qui a fait 29 victimes. L'ancien député socialiste valaisan Georgie Lamon a également été tué. Le gouvernement valaisan et le Parti socialiste suisse se disent atterrés.
Né le 23 décembre 1949 à Sierre (VS), Jean-Noël Rey était licencié en sciences économiques et sociales et diplômé en sciences politiques. En 1976, il est devenu secrétaire du groupe socialiste de l'Assemblée fédérale. Il n'a cependant pas fait l'unanimité au sein de son parti.
Son ami, l'ex-conseiller national (PDC/JU) Pierre Kohler, le décrit comme un homme politique avisé, un socialiste réaliste connaissant bien le monde économique. Tous deux se sont assis ensemble sur les bancs du Conseil national, que Jean-Noël Rey a occupés de 2003 à 2007.
M. Rey avait été l'un des acteurs de la non-élection de Liliane Uchtenhagen et de l’élection du conseiller fédéral Otto Stich, dont il fut le collaborateur de 1983 à 1989. Les Zurichoises et les féministes n'ont pas oublié, rappelle l'hebdomadaire Domaine Public.
Son action comme patron de La Poste, de 1990 à 1998, n'a pas non plus séduit toutes les tendances du PS. Son parcours à la tête des anciens PTT au moment de leur transformation à l'ère de la mondialisation s'est terminé par une chute brutale. Mais il avait su rebondir. Avant sa mort, il était président du conseil d'administration de la Chambre de commerce France Suisse, à Genève.
"Connu comme le loup blanc"
Georgie Lamon était né en 1934 dans le village de Lens (VS). Après des études en France, il avait obtenu un diplôme de pédagogie curative à Fribourg. Dans son village de Lens (VS), c'est la tristesse. "Georgie Lamon était connu comme le loup blanc", témoigne une habitante. Le retraité était très actif dans la vie communale.
Dès 1967, M. Lamon avait dirigé durant 30 ans l'Office romand d’intégration professionnelle pour handicapés (ORIPH, désormais ORIF). Parallèlement à ses activités dans la coopération internationale, il a présidé la Commission cantonale du handicap. Il a également siégé au Grand Conseil valaisan pour le Parti socialiste.
"Foi à renverser les montages"
Dans le district de Sierre (VS), où les deux hommes étaient domiciliés, ils laisseront un grand vide. "Aujourd'hui, on est un peu orphelins", a déclaré à la télévision cantonale Canal 9 l'ancien président du conseil national Stéphane Rossini.
Président de Lens et neveu de Georgie Lamon, David Bagnoud peine à imaginer le village sans son oncle. Il était de tous les combats, de tous les engagements, malgré ses 81 ans, a-t-il témoigné sur Canal 9.
"Je perds deux amis intimes", a regretté pour sa part l'ancien député au Grand Conseil valaisan Jean-Marc Zufferey. "On aimait se retrouver ensemble pour partager un repas et débattre. Avec Georgie Lamon, j'ai expérimenté ce que signifiait l'expression avoir une foi à renverser les montages".
La coopération continue
Les deux Valaisans étaient au Burkina Faso pour inaugurer la cantine d'une école financée par l'association Yelen, créée par M. Lamon. Oeuvrant pour le pays depuis les années 1990, ce dernier avait été rejoint par Jean-Noël Rey. Tous deux ont levé des fonds pour soutenir une école.
Suite aux attentats de Ouagadougou, l'association Yelen n'est pas sûre de poursuivre son action sur place. En revanche, la Direction du développement et de la coopération (DDC), la Fondation Katia van Weel et la Fédération vaudoise de coopération (Fedevaco) ne changent pas leur fusil d'épaule.
A Berne, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) suit la situation de très près et évalue les conséquences potentielles des attaques sur les programmes au Burkina Faso, a précisé à l'ats Stefan von Below, porte-parole du DFAE. Il est prématuré de dire si elles auront un impact sur le travail de la Suisse sur place.
Les programmes de la DDC continuent jusqu'à nouvel ordre. Quant à la sécurité, les employés sur le terrain ont reçu une formation spécifique. Les risques sont réduits au minimum, selon Stefan von Below.
Les drapeaux sont en berne dimanche et lundi sur le Palais fédéral et le siège du gouvernement valaisan à Sion, en mémoire des victimes de l'attentat de Ouagadougou.