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Les Libyens restent indifférents à la date-butoir du 20 octobre

Le délai de 60 jours pour la normalisation des relations entre la Suisse et la Libye arrivait à échéance hier. Tous les regards se portent désormais vers le Conseil fédéral alors que la mission de deux jours à Tripoli du numéro deux du DFAE n'a permis aucune percée.

21 oct. 2009, 04:15

Geri Müller, président de la Commission de politique extérieure (CPE) du Conseil national a déclaré que la délégation suisse qui a séjourné de dimanche à lundi en Libye n'avait pas pu avoir de contacts avec les deux Suisses retenus.

«Nous n'avons aucune idée de l'endroit où ils se trouvent», a ajouté le conseiller national (Verts/AG) après le retour de la mission menée par Michael Ambühl, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères.

«L'enlèvement des deux Suisses est une grave violation de la convention de Vienne», a estimé Geri Müller. Convoqués hors de l'ambassade de Suisse sous prétexte d'un contrôle médical il y a un mois, les deux hommes ont été placés dans un lieu «sûr», selon Tripoli. Une décision qualifiée d'«inacceptable» par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Le délai prévu par l'accord signé le 20 août par le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz en vue d'une normalisation des relations entre la Suisse et la Libye arrivant à échéance, Geri Müller espère que le Conseil fédéral prendra rapidement une décision sur la suite à donner. Le gouvernement se réunit aujourd'hui.

Son porte-parole, André Simonazzi, n'a pas voulu indiquer si l'affaire Kadhafi figurera à l'agenda. Selon Lars Knuchel, porte-parole du DFAE, «le Conseil fédéral a suivi jusqu'ici la stratégie de mise en œuvre de l'accord (du 20 août). Etant donné le nouveau contexte, il faut analyser la situation et en tirer d'éventuelles conclusions».

Un certain flou régnait toutefois hier concernant cette fameuse date-butoir. Selon Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM), les Libyens n'ont «pas la même lecture». «Le 20 octobre n'est pas une date sacrée pour eux», a-t-il expliqué, relevant que cette échéance «est extensible» aux yeux de Tripoli.

La libération des deux Suisses n'est pas mentionnée explicitement dans l'accord signé par Hans-Rudolf Merz qui prévoit notamment la mise sur pied d'un tribunal arbitral. Toutefois, Berne considère leur relaxe comme entrant dans le cadre de la normalisation des relations bilatérales.

Alors que tous les regards sont désormais tournés vers le Conseil fédéral, le conseiller national Ulrich Schlüer (UDC/ZH) a réitéré hier son exigence d'une rupture des relations diplomatiques avec la Libye. S'exprimant sur les ondes de la Radio suisse romande, il a souhaité que les intérêts de la Confédération dans ce pays soient représentés par les Etats-Unis.

Une option rejetée par Geri Müller ainsi que par des experts, dont la professeure de droit international à l'Université de Zurich, Hellen Keller. «Si nous voulons sortir les deux Suisses par la voie diplomatique, il faut éviter de jeter de l'huile sur le feu», a-t-elle déclaré sur les ondes de la radio alémanique DRS. Cette dernière déconseille également à Berne de refuser les visas d'entrée sur son territoire aux ressortissants libyens. S'appuyant sur les accords de Schengen, Berne pourrait rendre la vie plus difficile aux ressortissants libyens qui souhaitent se déplacer dans l'espace-Schengen en leur refusant un visa.

Selon Ulrich Schlüer, la cheffe du DFAE Micheline Calmy-Rey a indiqué, hier, lors d'une séance de la Commission de politique extérieure du National, que des démarches en ce sens avaient déjà été prises. Une initiative soutenue par les Libéraux-Radicaux qui exigent que le Conseil fédéral hausse le ton face à la Libye, ont-ils fait savoir hier.

Les relations entre la Suisse et la Libye se sont dégradées depuis l'arrestation de l'un des fils du colonel Kadhafi, Hannibal, et de sa femme en juillet 2008 à Genève. Le couple avait fait l'objet d'une plainte pour maltraitance de deux de leurs domestiques. Hannibal Kadhafi avait passé deux nuits en prison. /ats

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