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Les frileuses ne seront pas privées de fourrure

02 mars 2011, 04:15

Les fourreurs ont eu chaud. En décembre dernier, ils ont crié à l'interdiction professionnelle quand le Conseil national a accepté une initiative parlementaire visant à interdire l'importation des peaux et des fourrures provenant d'animaux auxquels de mauvais traitements ont été infligés lors de l'élevage, de la capture ou de la mise à mort. Le Conseil des Etats les a rassurés. Il a enterré hier ce projet par 22 voix contre douze.

«Comment un douanier peut-il contrôler la façon dont un animal a été tué?», a demandé le rapporteur de la commission Theo Maissen (PDC, GR). L'exercice n'aura cependant pas été totalement vain. On se dirige vers l'introduction d'une obligation de déclaration pour les fourrures et les produits qui en sont issus. «Une première sur le plan européen», assure Prisca Grossenbacher, vice-directrice de l'Office vétérinaire fédéral.

La socialiste argovienne Pascale Bruderer est à l'origine du débat. Selon elle, il n'est pas rare que des animaux ne soient qu'imparfaitement anesthésiés avant leur mort, voire qu'ils ne le soient pas du tout et qu'ils soient écorchés vifs. Elle demande que les obligations légales en matière de production de fourrure en Suisse s'appliquent également aux producteurs étrangers. A défaut, il faudrait généraliser l'interdiction d'importation qui existe déjà pour les peaux de chats et de chiens.

Le débat n'est pas marqué par les clivages partisans habituels. Ou du moins pas seulement. Au Conseil national, c'est la libérale radicale zurichoise Doris Fiala qui s'est faite l'avocate des animaux. «Il est pratiquement impossible d'élever de manière industrielle des animaux à fourrure sans leur infliger des souffrances intolérables», a-t-elle déclaré. «Les difficultés qu'engendrerait une interdiction d'importation pour les consommateurs ne constituent pas un argument.» Au Conseil des Etats, c'est l'UDC glaronnais This Jenny qui a dénoncé le caractère barbare des méthodes habituelles de capture et d'élevage. «Les consommateurs ne portent plus un manteau de fourrure sans mauvaise conscience.»

La question est cruciale pour les fourreurs, car il n'existe plus d'élevages commerciaux d'animaux à fourrure en Suisse depuis près de trente ans. Sentant le danger, l'association SwissFur s'est déjà engagée pour une obligation de déclaration, mais celle-ci devrait à l'avenir toucher l'ensemble de la branche, à savoir non seulement les fourreurs, mais aussi tous les commerces qui vendent de la fourrure, ne serait-ce que sous forme de bordure de capuchon. C'est la conséquence d'une motion de la verte libérale Tiana Moser (ZH) adoptée par les deux Chambres.

Berne a suggéré à la branche et aux associations de consommateurs de conclure une convention de droit privé assurant l'information des consommateurs sur le mode d'élevage, l'origine et l'espèce animale. Ils ont jusqu'au 30 avril pour se prononcer. «A défaut», indique Prisca Grossenbacher, «le Conseil fédéral pourrait intervenir par voie d'ordonnance.»

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