Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Les Chambres s'opposent sur le port de la cagoule

La polémique sur la burqa a laissé la place à un débat sur le port de la cagoule lors des manifestations. Leur interdiction divise les Chambres car la sécurité est une compétence cantonale.

10 mars 2011, 16:00

Est-ce en raison du printemps arabe? Plus personne ne polémique sur le port du voile intégral par les femmes musulmanes. Plus personne, sauf le Grand conseil argovien qui a transmis aux Chambres fédérales une initiative cantonale visant à interdire le port de vêtements couvrant l'intégralité ou une grande partie du visage. Il faut dire que le texte ne s'applique pas seulement à la burqa ou au niqab, mais aussi aux cagoules qui permettent aux casseurs de dissimuler leurs traits pendant les manifestations.

Ce glissement du voile à la cagoule n'a pas suffi à emporter la décision des sénateurs qui ont balayé hier l'initiative argovienne par 24 voix contre 4. Le débat n'est pas terminé pour autant. Le Conseil national est sur le point d'adopter une motion de l'UDC zurichois Hans Fehr visant à interdire le port de la cagoule dans tout le pays.

Hans Fehr a laissé tomber le thème de la burqa pour se concentrer sur la cagoule. «Ces derniers temps, les débordements violents qui se traduisaient par des dégâts matériels ont atteint un nouveau palier», dénonce-t-il dans sa motion. Faisant allusion à l'agression dont il a été victime il y a quelques semaines, il note qu'«il arrive désormais régulièrement que des politiciens soient agressés par des casseurs et autres criminels encagoulés».

Son appel au respect de l'Etat de droit a rencontré un écho favorable auprès de la Chambre basse. Pas moins de 134 conseillers nationaux ont co-signé la motion qu'il a déposée en début de session. Et pas seulement des représentants du camp bourgeois. Le président des Verts Ueli Leuenberger fait partie des signataires. «J'ai participé à des centaines de manifestations dans ma vie. J'en ai assez des casseurs du Bloc noir. J'appuie la motion tout en m'engageant pour la liberté de manifester et contre le fichage». Le vice-président du PS Stéphane Rossini tient un discours similaire. «Le fonctionnement de la démocratie peut s'exercer à visage découvert. Le port de la cagoule permet à une petite minorité de manifestants d'abuser du système».

Au Conseil des Etats, les sénateurs n'ont pas plus de sympathie pour la cagoule, mais ils appellent au respect des compétences cantonales en matière de sécurité. Selon le rapporteur de la commission Paul Niederberger (PDC /NW), il faudrait modifier la Constitution pour interdire la cagoule sur le plan national. Le PDC Fribourgeois Urs Schwaller note que les cantons qui ont déjà décrété des interdictions de ce type ont des difficultés à les appliquer lors des grandes manifestations.

La différence de perception entre les Chambres semble sonner le glas d'une solution nationale. Les sénateurs auraient peut-être réservé un accueil plus favorable à l'initiative cantonale argovienne s'ils n'avaient pas eu des doutes quant à son objectif principal avoué, à savoir le maintien de la sécurité publique. L'UDC argovien Maximilian Reimann a eu beau déclarer que la lutte contre les casseurs était au centre du projet, la commission s'est demandée si l'initiative ne cherchait pas plutôt à faire enfler la polémique sur le port du voile religieux qui, selon elle, ne pose pas de véritable problème. «Le droit actuel permet déjà d'interdire aux personnes qui s'adressent aux autorités ou qui fréquentent une école publique de se couvrir le visage, rappelle Paul Niederberger. Le voile intégral est très marginal en Suisse. Son interdiction toucherait avant tout des touristes».

Préoccupé par le fondamentalisme islamique, le président du PDC Christophe Darbellay avait demandé l'interdiction de la burqa après l'acceptation de l'initiative antiminaret. «Je n'ai pas changé d'avis, déclare-t-il. Le temps me donnera raison». /CIM

Votre publicité ici avec IMPACT_medias