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Le protectionnisme fait son retour

02 nov. 2011, 10:53

Willy Cretegny est de retour. Le viticulteur genevois qui s'en était pris vainement à l'introduction du Cassis de Dijon a décidé d'élargir son combat. Il ne se contente plus de référendums qui permettent seulement de s'opposer à un projet sectoriel. Il n'est d'ailleurs pas parvenu à faire aboutir ceux qu'il avait lancés. Il monte au front avec une initiative populaire «Pour une économie utile à tous» qui redéfinit non seulement la politique agricole mais aussi l'ensemble de la politique économique de la Suisse. «La globalisation est allée trop loin, nous prônons le retour au protectionnisme», explique le porte-parole des initiants, Laurent Duvanel. La réaction des syndicats est glaciale.

Accords de libre-échange remis en cause

Le groupe des initiants est le même que celui qui avait tenté de lancer le référendum contre l'introduction du principe du cassis de Dijon, en 2009. L'initiative ne se contente pas de remettre en cause ce principe qui autorise la vente en Suisse, sans autre contrôle, des marchandises légalement produites et commercialisées dans un Etat de l'Union européenne. Selon son texte, la Confédération devrait protéger la production nationale par des droits de douane sur les produits importés et une limitation des volumes importés. Elle devrait exiger que les produits importés respectent des normes sociales, environnementales et de production équivalentes aux nôtres. Tous les accords de libre-échange seraient remis en cause, en particulier ceux conclus au sein de l'Organisation mondiale du commerce.

«C'est une initiative qui est bonne pour l'emploi», assure Laurent Duvanel. «Elle renforcera le tissu local et régional en mettant des limites à la concurrence. Nous voulons d'ailleurs autoriser les ententes entre entreprises. Les patrons boulangers ou les installateurs électriques, par exemple, doivent pouvoir s'entendre sur les prix.»

Pas de soutien des grandes organisations

Les initiants comptent sur cette ouverture aux PME ainsi que sur le tissu associatif de gauche pour recueillir les signatures. Par contre, ils ne peuvent pas compter sur le soutien de grandes organisations. L'Union suisse des paysans (USP) partage leur aversion pour l'ouverture complète des marchés dans le domaine agricole mais elle n'a pas l'intention de se mettre à dos toute l'économie en dénonçant l'ensemble des accords internationaux. «Nous préférons intervenir de façon spécifique au niveau législatif», indique le directeur de l'USP, Jacques Bourgeois. Le syndicat paysan Uniterre ne cache pas non plus son scepticisme, d'autant qu'il s'apprête à lancer sa propre initiative sur la souveraineté alimentaire.

Quant à l'Union syndicale suisse, le secrétaire central, Daniel Lampart, estime que c'est une initiative qui nuit à l'industrie d'exportation, donc aux emplois. Il s'étonne que dans un contexte de franc fort on veuille encore renchérir le prix des produits importés. Les initiants rétorquent que les produits locaux et de proximité doivent être prioritaires sur le marché. C'est la raison pour laquelle ils ont lancé leur initiative à Bulle (FR), aux portes du Salon suisse des goûts et terroirs. Le délai pour la récolte des 100.000 signatures court jusqu'au 1er mai 2013.

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