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Le procès d'Erwin Sperisen s'ouvre à Genève

Le procès de l'ancien chef de la police du Guatemala Erwin Sperisen s'est ouvert jeudi à Genève sur une série d'incidents soulevés par la défense de l'accusé.

15 mai 2014, 12:47
Le premier procureur Yves Bertossa, arrive pour l'ouverture du procès à Genève.

Le très attendu procès d'Erwin Sperisen s'ouvre jeudi devant le Tribunal criminel de Genève. L'ancien chef de la police du Guatemala sera jugé pour assassinats. Ses avocats demandent notamment l'audition de l'ancien président du Guatemala Oscar Berger et du directeur du système pénitentiaire au moment des faits, Alejandro Giammattei, deux témoins à décharge.

Les avocats d'Erwin Sperisen ont aussi souhaité que le Tribunal criminel de Genève fasse venir à la barre le journaliste de "L'Illustré" Arnaud Bédat, auteur d'un article sur la mère d'un détenu qui aurait été exécuté sommairement sur les ordres d'Erwin Sperisen et qui représente la partie plaignante au procès.

Arnaud Bédat s'est rendu au Guatemala pour interroger cette femme de 70 ans. Celle-ci lui aurait affirmé qu'elle n'était pas au courant du procès qui se tient à Genève, qu'elle n'aurait jamais accusé Erwin Sperisen de la mort de son fils. Qu'on lui a simplement fait signer des papiers en lui promettant des dédommagements.

Giorgio Campa, l'avocat d'Erwin Sperisen, a qualifié ces révélations de "sidérantes" et a demandé au tribunal d'écarter la partie plaignante du procès. Selon lui, cette mère a été bernée par la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG) qui lui a fait signer des papiers qu'elle n'a pas pu lire.

Conforme à l'accusé

"La défense a consacré pendant un an beaucoup d'énergie pour m'exclure de la procédure", a souligné devant le tribunal Alexandra Lopez, l'avocate de cette mère. "Ma cliente a signé une procuration en ma faveur", a-t-elle insisté, relevant qu'il était dans la nature de l'accusé de vouloir se débarrasser des personnes qui le dérangent.

Le Ministère public ainsi que la partie plaignante ont demandé au tribunal de rejeter les demandes de la défense. Le procureur Yves Bertossa a indiqué qu'Alejandro Giammattei a toujours déclaré qu'il n'avait rien vu et qu'Oscar Berger n'était pas un témoin direct des faits reprochés à Erwin Sperisen.

Les témoins ont peur

"Le crime d'Etat est institutionnalisé au Guatemala", a noté M.Bertossa. Sur les milliers d'homicides commis chaque année dans ce pays lorsque Erwin Sperisen dirigeait la police, 10% étaient le fait des forces de l'ordre, a-t-il affirmé. Les témoins de ces exactions craignent pour leur vie, a ajouté le magistrat.

M.Bertossa a rappelé le réseau d'influence dont dispose encore Erwin Sperisen au Guatemala, lui qui est capable d'appeler à témoigner l'ancien président du pays et dont le père fut un temps le patron des patrons. Il a rappelé aussi tout le sérieux du travail du CICIG, composé d'enquêteurs internationaux chevronnés.

Le tribunal tranchera les incidents jeudi après-midi. Le procès se poursuivra ensuite par l'interrogatoire d'Erwin Sperisen sur l'exécution sommaire de trois détenus évadés en 2005 du centre pénitentiaire guatémaltèque d'Infernito. Vendredi, l'accusé sera entendu sur la reprise en main par les forces de l'ordre en 2006 de la prison de Pavon, qui s'était soldée par la mort de sept prisonniers.

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