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Le plombier polonais est de retour

26 juil. 2011, 07:43

Le plombier polonais aurait-il trouvé la route de la Suisse? En mai dernier, l'immigration en provenance d'Europe de l'Est a plus que triplé par rapport à mai 2010. Selon les statistiques de l'Office fédéral des migrations, le nombre de permis B délivrés a quant à lui été multiplié par cinq, même s'il reste modeste en termes réels (989). Ce qui n'empêche pas l'UDC, qui présentait hier à Berne une nouvelle initiative populaire sur le sujet, d'agiter le spectre d'une «immigration de masse.»

Depuis le 1er mai, les ressortissants de huit pays d'Europe de l'Est (Pologne, Slovénie, République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Estonie, Lituanie, Lettonie) peuvent librement venir travailler en Suisse, pour autant qu'ils soient au bénéfice d'un contrat de travail. Jusqu'à cette date, la main-d'œuvre de ces pays était soumise à contingents, qui n'étaient d'ailleurs pas épuisés: en 2010, seuls 64% des permis B (valables une année, renouvelables) et 49% des autorisations de courte durée (une année maximum, renouvelables une fois) avaient trouvé preneur. Le plombier polonais qui faisait si peur lors de la campagne de votation sur l'extension de la libre circulation des personnes en 2005, ce plombier accusé de vouloir voler les emplois des Suisses et de tirer leurs salaires vers le bas, avait semble-t-il trouvé mieux ailleurs.

«Effet de rattrapage»

Assiste-t-on aujourd'hui à un revirement de tendance? Chef de l'information à l'Office fédéral des migrations (ODM), Joachim Gross parle d'un simple «effet de rattrapage» lié à la levée des contingents pour les Européens de l'Est. A l'entendre, une telle augmentation des permis B s'était déjà produite lors de la levée des contingents pour les 17 premiers pays membres de l'Union européenne. «Et on peut s'attendre à ce que l'immigration des huit nouveaux pays se normalise de la même manière.»

La jeune UDC zurichoise Anita Borer, nouvelle protégée de Christoph Blocher, ne partage pas cet optimisme; elle prédit une forte pression sur l'assurance chômage et sur l'AVS en raison de l'afflux de ces travailleurs étrangers. D'après l'ODM, sur 1111 personnes arrivées d'Europe de l'Est en mai, 392 venaient de Pologne, 255 de Slovaquie, 212 de Hongrie et 131 de République Tchèque. Bien qu'elle ait fortement crû en mai, l'immigration d'Europe de l'Est demeure marginale. Fin mai, la Suisse comptait environ 36 000 résidants issus des huit pays nouvellement au bénéfice de la libre circulation des personnes. C'est 3,22% des citoyens de l'Union européenne établis dans notre pays (1,12 million de personnes, en hausse de 3,6% par rapport à mai 2010) et 2% de la population étrangère totale (1,74 mio, +2,5% en un an). Toujours d'après l'Office fédéral des migrations, ces Européens de l'Est sont actifs dans l'agriculture, l'industrie et l'artisanat, et surtout dans les services.

L'attente des Roumains

L'Office fédéral de la santé publique indique ainsi avoir reconnu à ce jour 167 diplômes de médecins polonais, 162 de Hongrois ou encore 58 de République Tchèque.

Mais ces statistiques ne disent rien de la date d'arrivée de ces praticiens, qui peuvent en outre avoir demandé une reconnaissance de leur diplôme sans jamais être venus exercer en Suisse. A Berne, l'immigration d'Europe de l'Est ne semble donc pas causer trop de tracas. En mai dernier, le Conseil fédéral n'en a pas moins maintenu jusqu'en mai 2014 les contingents pour les travailleurs de deux autres pays, la Roumanie et la Bulgarie, à qui le peuple suisse a pourtant accordé l'extension de l'accord sur la libre circulation des personnes.

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