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Le Parlement sonne le glas

29 sept. 2011, 10:47

Le matin encore, les partisans de la sortie du nucléaire craignaient une stratégie de vote machiavélique propre à faire capoter le projet. Il n'en a rien été. Le Conseil des Etats a enterré hier la filière nucléaire par trente voix contre huit. Comme le Conseil national avant lui, il a décidé qu'«aucune autorisation générale ne sera plus accordée pour la construction de centrales nucléaires».

Plusieurs libéraux radicaux, notamment le Neuchâtelois Raphaël Compte, et même quelques UDC ont voté avec le PDC et la gauche. Ils ont surmonté leurs réticences grâce à l'adjonction d'une phrase précisant qu'il n'y aurait pas d'interdiction technologique. «Le but est de ne pas fermer la porte à la recherche», explique le rapporteur de la commission, Filippo Lombardi. Les Verts restent méfiants, mais les socialistes sont euphoriques. «La page est définitivement tournée», s'exclame le socialiste vaudois Roger Nordmann.

C'est bien ce que redoute le Forum nucléaire suisse, qui place désormais ses espoirs dans le peuple. Selon le lobby de l'atome, «une décision aussi grave que celle de l'abandon du nucléaire ne peut pas être prise sans que la population ne soit consultée». Satisfaction lui sera donnée puisque les socialistes ont déjà déposé leur initiative «cleantech», en faveur des énergies renouvelables, et que les Verts récoltent des signatures à tout-va pour leur initiative sur la sortie du nucléaire.

Les votations populaires annoncées font office d'épée de Damoclès car le Parlement s'est contenté jusqu'ici d'adopter des motions. Celles-ci constituent certes un mandat contraignant, mais ce n'est que le début du processus. Sur cette base, le Conseil fédéral soumettra l'année prochaine aux Chambres un cadre légal qui définira dans les détails la nouvelle politique énergétique de la Suisse.

PDC en deux temps

Le dossier repose sur les épaules de la cheffe du Département de l'énergie Doris Leuthard, convaincue depuis Fukushima que la filière nucléaire n'a plus d'avenir. La direction du PDC est sur la même ligne, mais le soutien du groupe parlementaire a failli faire défaut. Alors que les conseillers nationaux PDC avaient fait pencher la balance en faveur de la sortie progressive du nucléaire, le chef du groupe Urs Schwaller a dû batailler ferme pour convaincre ses troupes au Conseil des Etats. Au risque d'affaiblir le signal donné, certains élus PDC s'étaient ralliés à un compromis prévoyant que seules les centrales «de la génération actuelle» ne recevraient plus d'autorisation. «J'ai reçu des dizaines de courriels me demandant ce que sont des centrales de la nouvelle génération», indique Urs Schwaller. Pour Doris Leuthard, le marché a besoin d'un signal clair. «C'est la seule façon de déclencher des investissements dans le secteur des énergies renouvelables.»

Bien que les deux Chambres soient désormais d'accord sur l'essentiel, le projet retourne au Conseil national, qui doit ratifier l'ajout sur l'absence d'interdiction technologique. La session arrivant à son terme, le texte ne lui sera soumis qu'en décembre. Cela ne plaît pas aux Verts. «Plus on s'éloigne de Fukushima, plus la sortie du nucléaire devient floue et aléatoire», note le chef du groupe, Antonio Hodgers.

Pour l'heure, les producteurs d'électricité Axpo, Alpiq et FMB n'ont pas retiré leurs demandes d'autorisation pour la construction de deux centrales nucléaire de remplacement. «Nous nous sommes contentés de suspendre les travaux», indique le porte-parole d'Axpo, Erwin Schärer. «Le conseil d'administration se prononcera en temps voulu.»

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