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Le livre creuse le Röstigraben

06 juil. 2011, 10:06

Sur un total de quelque 58 000 signatures validées, à peine plus de 1100 proviennent de Suisse romande. Le référendum lancé contre la réglementation du prix du livre met en évidence une différence d'approche fondamentale entre les deux régions linguistiques. En Suisse romande, même les milieux libéraux sont prêts à faire une entorse aux lois du marché au nom de l'exception culturelle. En Suisse alémanique, la loi est perçue avant tout comme une mesure qui péjore la situation des consommateurs.

Ex Libris a contribué au succès de l'opération

Le peuple tranchera. Les signatures requises ont été déposées hier à la chancellerie fédérale. «C'est le premier référendum lancé par le Parti libéral-radical», souligne le secrétaire général du parti, Stefan Brupbacher. Le PLR ne s'est pas lancé tout seul dans cette bataille. Les jeunes PLR et les jeunes UDC ont été les premiers à monter au front. Ils ont été rejoints par le Parti pirate, ainsi que par des représentants de l'UDC, du PDC et des Verts libéraux.

Ex Libris, filiale de Migros, a contribué au succès de l'opération en récoltant des signatures dans ses magasins. Au total, 717 paraphes ont été réunis en Valais, 254 à Fribourg, 57 dans le canton de Vaud, 42 à Neuchâtel, 22 à Genève et 17 dans le Jura. Stefan Brupbacher minimise cette maigre récolte romande qui serait due à des «questions organisationnelles».

Concurrence

La réglementation combattue par le référendum a pour origine une initiative parlementaire de feu Jean-Philippe Maitre (PDC/GE) déposée en 2004. Au parlement, elle a été soutenue par la gauche rose-verte, la majorité du groupe démocrate-chrétien et des représentants isolés des autres partis.

Si le monde politique est divisé, toute la branche se mobilise derrière la loi. Celle-ci a pour but de préserver la richesse de l'offre culturelle en donnant les moyens aux libraires indépendants de résister à la concurrence des grandes surfaces, qui ne proposent qu'une offre réduite et peuvent se permettre de brader les best sellers. Concrètement, les éditeurs et les importateurs fixeront le prix des livres vendus en Suisse sous la surveillance de M. Prix. La loi vaudra aussi pour les ouvrages expédiés de l'étranger via des sites internets comme Amazon.

Aux yeux du comité référendaire, ce système profitera uniquement aux grandes maisons d'édition, au détriment des auteurs, des libraires et des consommateurs. L'extension de la loi aux ouvrages vendus par internet serait impraticable et entraînerait un énorme flux bureaucratique.

Vision romantique

Pour le conseiller national Ignazio Cassis (PLR/TI), il faut faire preuve de réalisme. «Les nostalgiques voudraient maintenir des boulangeries, des bureaux de poste et des librairies jusqu'au fin fond du val Maggia. C'est une vision romantique qui ne correspond plus à notre mode de vie. La plupart des consommateurs n'ont que quelques kilomètres à faire pour acheter leurs livres à l'étranger. Les petites librairies doivent s'adapter en se concentrant sur des marchés de niche.»

Réponse de Françoise Berclaz, propriétaire de la librairie «La Liseuse» à Sion et présidente des libraires: «Prétendre que la loi fera augmenter le prix du livre est une contrevérité. L'exemple des pays connaissant un prix réglementé le démontre. Ceux-ci ont aussi intégré dans leur loi les livres papiers vendus sur internet sans difficultés majeures. Seul le livre numérique, qui vient d'arriver sur le marché, n'est pas touché.»

Un comité romand interpartis s'est déjà constitué pour combattre le référendum. La votation aura vraisemblablement lieu en mars 2012.

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