Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Le débat nucléaire se focalise sur la centrale de Mühleberg

Les Bernois vont donner le ton du débat nucléaire. Ils voteront le 13 février sur la construction d'une nouvelle centrale à Mühleberg. Analyse.

03 janv. 2011, 04:15

Deux nouvelles centrales nucléaires: tel est désormais l'objectif officiel des fournisseurs d'électricité Axpo, Alpiq et FMB. Ils n'ont néanmoins pas encore fait leur choix entre les sites de Beznau (AG), Gösgen (SO) et Mühleberg (BE), sans doute parce qu'ils attendent le résultat du vote qui aura lieu le 13 février prochain dans le canton de Berne. En dépit de son caractère purement consultatif, ce scrutin est décisif pour l'avenir du débat nucléaire en Suisse.

Si les électeurs bernois acceptent le remplacement de leur centrale, le lobby nucléaire peut espérer gagner la bataille nationale qui aura lieu en 2103. Et si les Bernois disent non, cela déplacera la discussion vers les autres sites en discussion, à savoir Gösgen et Beznau. «Nous poursuivrons notre planification quel que soit le résultat du scrutin», assure Sebastian Vogler, porte-parole des Forces motrices bernoises (FMB).

Le débat nucléaire a fait son retour sur la scène fédérale en 2003 avec le double rejet des initiatives «Sortir du nucléaire» et «Moratoire plus». Les électriciens ont interprété le résultat du scrutin comme un signe d'ouverture et ils n'ont pas tardé à évoquer la construction de nouvelles centrales. Ces projets se sont concrétisés fin 2009 par le dépôt de trois demandes d'autorisation générale. Elles émanent des FMB pour Mühleberg, d'Axpo pour Beznau et d'Alpiq pour Gösgen.

Le Conseil fédéral se prononcera à la mi-2012, après que les cantons auront donné leur préavis. Un référendum étant d'ores et déjà annoncé, la votation populaire aura lieu en 2013. Dans l'intervalle, ce sont les cantons qui donneront le ton. Outre Berne, des votes consultatifs sont aussi prévus dans les cantons de Vaud et du Jura. Pour les antinucléaires, ces scrutins permettront de baliser le terrain avant la grande bataille de 2013. Ils ont obtenu un premier succès dans le canton de Vaud, fin 2009, avec le rejet massif d'une prolongation de la durée de vie de la centrale de Mühleberg. Aujourd'hui, il n'est plus question de prolongation, mais de construire deux nouvelles centrales. «Ce serait l'erreur du siècle», s'exclame Isabelle Chevalley, présidente d'Ecologie libérale. «Cela provoquerait l'effondrement des cleantechs. Il faut continuer à investir dans les énergies renouvelables et prendre des mesures strictes comme le remplacement obligatoire des chauffages électriques». Pour les pro-nucléaires, ces mesures ne seront pas suffisantes. Ils prédisent une pénurie d'électricité à l'horizon 2020, du fait de l'expiration des contrats d'importation d'électricité conclus avec la France et de la fin du cycle d'exploitation des centrales de Mühleberg et de Beznau I et II. Ils ne craignent pas une rebuffade à Berne.

Pour la conseillère nationale bernoise Christa Markwalder (PLR), il n'y a pas photo: «Nous devons non seulement garantir l'approvisionnement énergétique du pays mais aussi défendre les intérêts de la région. La future centrale garantira 1300 emplois et offrira une plus-value économique de 500 millions de francs par an».

Les partisans de l'atome pourront compter sur le soutien discret des FMB. «Nous n'allons pas nous lancer dans une campagne politique mais nous informerons sur les enjeux de la votation», explique Sebastian Vogler. D'une façon générale, ils comptent aussi sur le remplacement de Moritz Leuenberger par Doris Leuthard. Avant son entrée au gouvernement, la conseillère fédérale était membre du conseil d'administration de la compagnie d'électricité de Laufenburg, une filiale d'Axpo. /CIM

Votre publicité ici avec IMPACT_medias