Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Le débat entre les villes tourne à la cacophonie

09 oct. 2009, 10:42

La polémique sur les affiches anti-minarets n'est pas restée sans effet: le comité bernois favorable à l'initiative lancée par des milieux proches de l'UDC a décidé hier de renoncer aux affiches controversées. En lieu et place d'une forêt de minarets à l'allure menaçante, il diffusera une image moins provocante sur laquelle on voit côte à côte un minaret et une vieille église.

Sur le plan suisse, les initiants décideront samedi de la suite à apporter aux mesures prises à leur encontre. Membre du comité d'initiative, l'UDC valaisan Oskar Freysinger souligne qu'il n'y a pas eu de plainte pénale contre l'affiche. «Certains exécutifs ont choisi de substituer à la justice. C'est choquant du point de vue de la séparation des pouvoirs et du débat démocratique».

Faute de concertation préliminaire au sein de l'Union des villes suisses, l'affaire tourne à la cacophonie. Tandis que les villes de Fribourg et de Montreux se sont jointes hier à Lausanne, Yverdon et Bâle-Ville pour interdire le placardage des affiches, plusieurs grandes villes alémaniques se sont alignées sur la position de Genève. Pour Zurich, Lucerne et Winterthour, c'est la liberté d'opinion qui doit primer, indépendamment du style de l'affiche.

Le conseiller fédéral Moritz Leuenberger a ajouté son grain de sel à la discussion en intervenant sur son blog. «Je comprends qu'on veuille interdire cette affiche», écrit-il en substance. «Le Parlement a décidé que l'initiative pouvait être soumise au peuple, mais il y a une différence entre le texte et l'image. On peut avoir une discussion rationnelle sur un texte; en revanche il est beaucoup plus difficile de se distancer d'un dessin qui imprègne l'esprit et nuit à l'image de la Suisse».

Le débat n'a pas encore eu lieu partout. Il dépend des dates de séance des conseils communaux. En Valais, le conseiller d'Etat Claude Roch estime à titre personnel qu'une interdiction serait inopportune. «Je suis pour le respect et contre la provocation», explique-t-il. «Le message transmis par cette affiche est irrespectueux mais le citoyen est responsable et il jugera lui-même. En tant que président du gouvernement, je m'abstiendrai de verser de l'huile sur le feu». Président du Groupe de recherche sur l'islam en Suisse, Stéphane Lathion pense lui aussi qu'une interdiction est contre-productive. «N'ayons pas peur du débat. A quoi bon faire le jeu de l'UDC en interdisant cette affiche alors que celle-ci contribue à décrédibiliser l'initiative? Elle confirme que les minarets ne sont qu'un prétexte. C'est la place de l'islam en Suisse qui est le véritable enjeu du débat. Or l'initiative n'apporte aucune réponse à cet égard.»

Un premier sondage publié hier par le «Tages-Anzeiger» indique que 51% de la population serait opposée à l'initiative alors que 35% la soutiendrait. Il resterait donc 14% d'indécis sept semaines avant la votation du 29 novembre.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias