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Le Conseil national épargne le monopole de La Poste

Le Conseil national refuse de libéraliser complètement le marché postal. La gauche, le PDC et les régions périphériques ont eu gain de cause.

30 sept. 2010, 12:23

Le syndicat de la communication (Syndicom) jubile. Le Conseil national a décidé hier par 102 voix contre 82 et 4 abstentions de maintenir le monopole de La Poste sur les lettres de moins de 50 grammes. «La libéralisation profiterait avant tout aux gros clients. Son refus est une victoire pour tous les usagers qui ne veulent pas d'un service public à deux vitesses», s'exclame le président de Syndicom Alain Carrupt. Il n'est pas le seul à se réjouir. Le vote a été acquis grâce à l'alliance de la gauche rose-verte, du PDC et de quelques UDC des régions de montagne.

La démocrate-chrétienne valaisanne Viola Amherd y a mis du sien. «J'ai beaucoup travaillé pour renforcer cette alliance et réduire les résistances qui subsistaient au sein de mon propre parti, confirme-t-elle. Les zones rurales n'ont rien à gagner d'une libéralisation. Seuls les centres urbains peuvent bénéficier de l'ouverture à la concurrence». C'est sur la base de cette même analyse que les Grands Conseils des cantons de Vaud et du Valais avaient adopté des résolutions contre l'ouverture du marché.

Il reste encore à convaincre le Conseil des Etats de retourner sa veste. Cela ne devrait pas être trop difficile sachant qu'il avait accepté la suppression du monopole résiduel sur le courrier avec une seule voix de majorité.

La décision du Conseil national est un revers pour le Conseil fédéral qui croyait avoir mis toutes les chances de son côté en proposant une ouverture du marché en deux étapes, sur le modèle de la procédure retenue pour libéraliser le marché de l'électricité. La majorité n'est pas entrée en matière sur ce concept. Elle s'est contentée de demander au gouvernement d'analyser les conséquences de la libéralisation dans un rapport qui devra être soumis aux Chambres d'ici trois ans.

La droite économique a aussi perdu la partie. «L'ouverture du marché à la concurrence est un aiguillon qui ne fait pas courir un risque économique à La Poste», a argumenté en vain le libéral radical Jean-René Germanier. Réponse du socialiste fribourgeois Christian Levrat, ancien président de Syndicom: «Le monopole sur le courrier n'est pas un objectif en soi. C'est le moyen de financer le service public. Comme le montrent les exemples étrangers, la libéralisation conduira à la fermeture d'offices de poste, à la dégradation des conditions de travail et à une augmentation des prix pour les petits clients. Ceux-ci seront appelés à subventionner les gros clients comme les banques ou les assurances qui bénéficieront de rabais intéressants».

Le géant jaune voit sa position confortée mais il a le triomphe modeste. Il a réagi hier en affirmant que le maintien du monopole n'est pas une question décisive. «La Poste réalise aujourd'hui déjà 80% de son chiffre d'affaires sur le marché libre et les 20% restants sont en concurrence avec les moyens de communication électroniques». L'entreprise souhaite en revanche une plus grande liberté entrepreneuriale. Le Conseil national lui a donné satisfaction dans le cadre de la révision de la loi sur l'organisation de La Poste. Il a transformé celle-ci en société anonyme et il a conféré le même statut à Postfinance qui gère des services financiers en plein développement. En revanche, il n'est toujours pas question de transformer Postfinance en banque postale. Cette mesure a été écartée par 101 contre 67. La gauche ne désespère pas. Elle compte désormais sur son initiative populaire, déposée il y a quelques semaines, pour obtenir gain de cause. /CIM

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