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Le Conseil fédéral durcit ses sanctions contre l'Iran

La Suisse se calque sur l'Union européenne en s'associant au durcissement des sanctions internationales contre l'Iran. Son rôle de facilitateur entre Washington et Téhéran pourrait se compliquer.

20 janv. 2011, 16:15

«Le Conseil fédéral a fait une appréciation autonome.» Conseiller fédéral en charge de l'économie, Johann Schneider-Ammann a tenté de dissiper le soupçon: si le Conseil fédéral a décidé hier de durcir ses sanctions contre l'Iran, c'est avant tout pour garantir aux entreprises suisses «la sécurité juridique» dans leurs échanges avec l'Iran. Et pas pour faire allégeance aux Etats-Unis.

Depuis des semaines, pourtant, les Américains faisaient pression sur la Suisse pour qu'elle durcisse le ton et aille à son tour plus loin que les sanctions décrétées par les Nations unies contre le régime des mollahs pour le contraindre de revenir à la table des négociations au sujet de son programme nucléaire. Finalement, c'est sur l'Union européenne que Berne s'alignera dès aujourd'hui. «La Suisse ne voulait pas devenir un site de contournement de ces sanctions», sous prétexte que le régime juridique y est moins strict, a justifié Johann Schneider-Ammann devant la presse.

Le risque existait: par la voix d'Erwin Bollinger, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) confirme que des entreprises, suisses et étrangères, se sont renseignées auprès de lui sur leur marge de manœuvre avec l'Iran. Mais aucun cas de contournement des sanctions européennes n'a été constaté.

Le Conseil fédéral dit avoir voulu également clarifier la situation des entreprises suisses actives à l'échelle internationale. Celles-ci hésitaient à faire affaire avec l'Iran, craignant de subir les foudres de Washington ou de Bruxelles, mais aussi du Canada, de l'Australie ou du Japon - en clair, de nos principaux partenaires commerciaux. L'an passé, le volume des échanges commerciaux entre la Suisse et l'Iran a ainsi reculé de 63 millions par rapport à 2009, pour s'établir à 741 millions de francs, dont 700 millions à l'export. Sont particulièrement prisés les produits pharmaceutiques, les machines et les produits agricoles.

Johann Schneider-Ammann reconnaît néanmoins que ces nouvelles sanctions pourraient compliquer le rôle de représentante des intérêts américains en Iran que la Suisse joue depuis la révolution islamique de 1979. «Nous continuerons d'offrir nos bons offices», tente de rassurer le radical. Pas sûr que sa collègue Micheline Calmy-Rey partage cet optimisme, elle qui défend résolument la voie du dialogue avec une puissance devenue à ses yeux incontournable au Moyen-Orient. La ministre des Affaires étrangères n'a cependant pas commenté hier la décision du collège. Pas de réaction officielle, non plus, du côté de la République islamique.

Les mesures supplémentaires de rétorsion contre le régime de Mahmoud Ahmadinejad limitent les activités des banques, des assurances ou les entreprises de machines-outils. Johann Schneider-Ammann précise que le négoce du pétrole et du gaz n'est par contre pas concerné. La précision est d'importance, compte tenu du poids croissant de la place économique suisse (Genève, Zoug) dans ce secteur. Selon Erwin Bollinger, pourtant, cet élément n'a joué aucun rôle dans la décision du Conseil fédéral. A Berne, d'autres observateurs y voient plutôt la volonté de s'attirer politiquement les bonnes grâces de Washington et de Bruxelles, que les initiatives suisses sur le nucléaire iranien ont pu agacer par le passé. /SGU

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