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Le ciel leur appartient aussi

20 juil. 2011, 09:54

Un souffle d'hélice, des vapeurs de kérosène, des avions au roulage, des planeurs en attente…. L'activité de base d'un terrain d'aviation légère. Oui mais à Epagny, la fréquentation du site connaît une affluence inhabituelle où dominent des personnes en fauteuil roulant, mais pas seulement. D'autres souffrent de maladies de naissance ou ont été victimes de l'amputation des deux jambes.

Leur présence au cœur de la Gruyère se justifie par un rendez-vous très attendu celui d'Handiflight.

Ce meeting qui déploie ses ailes depuis 2007 rassemble autour de leur passion des aviateurs handicapés venus du monde entier (lire ci dessous), qu'ils pratiquent le vol à moteur ou le vol à voile.

Si la météo cloue les «taxis» au sol, cela n'empêche pas les conversations de prendre leur essor. Avant de constituer un rendez-vous «grand public» Handiflight permet à ces passionnés de tenir le manche d'échanges volant dans trois directions fondamentales: les considérations techniques, les réglementations divergentes et les aventures humaines.

Accéder au cockpit

«Quand on est en vol, il n'y a plus de handicap, il n'y a que des pilotes», s'enthousiasme le français Ludovic Béjot. Mais l'atterrissage est parfois rude et il n'est pas facile de reprendre contact avec l'ordinaire.

Il en sait quelque chose car, malgré son arthrogrypose, une maladie de naissance qui se traduit notamment par des raideurs articulaires, il se glisse souvent aux commandes d'un avion et préside l'association Mission Bleu Ciel. Elle œuvre à la promotion de l'insertion des handicapés par l'aviation. Une démarche pas facile car ce loisir souffre à la base d'une image élitiste et la pratique se heurte à pas mal difficultés.

Néanmoins, «on peut être breveté pilote malgré un handicap, un des buts d'Handiflight, c'est aussi de le faire savoir», souligne Daniel Ramseier, un des organisateurs du rassemblement. «Une des conditions, c'est de pouvoir accéder au cockpit et d'en sortir par ses propres moyens», note Dorine Bourneton, marraine d'Handiflight depuis la première édition. Cette jeune femme, paraplégique à 17 ans à la suite d'un crash dont elle est la seule rescapée, est restée une passionnée d'aviation. Elle a même obtenu son brevet de pilote privé. Mais, la vie à bord n'est pas toujours simple.

Pilotage au «malonnier»

Selon les pathologies, il devient parfois difficile de peser sur des commandes. La manœuvre d'un «malonnier» - ce néologisme sert à désigner le palonnier utilisé par les pilotes handicapés - nécessite une force de poussée ou de traction de quelque 30 kilos. «D'où le développement d'une commande électromécanique par un ingénieur de chez Dassault», précise encore Ludovic Béjot.

«Un pilote handicapé est porteur d'une dimension exemplaire, il montre une forme de dépassement et même d'amour», témoigne encore Dorine Bourneton. Mais pour le président de Bleu Ciel, il faut dégager davantage l'horizon «pour passer de ce qui est possible à ce qui est normal».

Selon lui, les métiers de l'aviation, en l'air comme au sol, doivent s'ouvrir davantage aux handicapés. «Dans le département français du Lot, un pilote handicapé accompagne un pompier qui assure la surveillance aérienne pour prévenir des départs de feux de forêt. Le contrôle des gazoducs ou des oléoducs, voire le transport d'organes sont autant de possibilités ouvertes à des pilotes handicapés», analyse-t-il encore.

Il ne sera pas dit que les pilotes handicapés ne pourront pas devenir des «moustachus»* comme les autres. Un premier pas, significatif a été franchi lors du dernier Salon international de l'aviation du Bourget où Mission Bleu Ciel a présenté trois avions pilotés par des personnes handicapées, en statique et en vol. Pour Dorine Bourneton qui était de l'aventure, «c'est une forme de reconnaissance absolue dans le métier».

Une reconnaissance qui doit encore décoller si elle veut suivre la route ouverte avec héroïsme et ténacité par Douglas Bader. Ce pilote de Spitfire, as de la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale, était amputé des deux jambes. Ce qui ne l'a jamais empêché de conduire, jouer au golf, danser et… voler!

* C'est ainsi que dans les milieux de l'aviation on désigne les pilotes chevronnés.

Plus de renseignements sur:
www.aerodromegruyere.ch/blogs/handiflight
www.missionbleuciel.com
Lire aussi:
«La couleur préférée de ma mère», Dorine Bourneton, Editions Robert Laffont

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