Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Le Che et son cigare, un cliché mythique signé René Burri

Le photographe zurichois René Burri s'est éteint lundi à l'âge de 81 ans. Parmi les milliers de clichés capturé à l'aide de son fidèle Leica, dont un grand nombre pour le compte de l'agence photographique Magnum, il y a celle du Che, mâchonnant son cigare. Une photo depuis devenue mythique. Retour sur l'histoire d'un cliché.

21 oct. 2014, 16:45
René Burri, devant son cliché le plus célèbre, Le Che fumant son cigare, pris en 1963 à La Havane.

Le photographe suisse René Burri s'est éteint lundi à l'âge de 81 ans. Il laisse derrière lui des milliers d'images, dont près de 30'000 sont conservées au Musée de l'Elysée de Lausanne. Parmi ces clichés, une photo mythique, celle du Che fumant son cigare, capturé à La Havane en 1963.

Revanche sur le destin

C'était lors d'une interview, accordée à la journaliste américaine, Laura Bergquist, du magazine Look. Une rencontre qu'elle avait décroché avec peine, tout juste trois mois après la crise des missiles de Cuba. "La rédaction de Look avait reçu l’autorisation des autorités américaines pour réaliser l’interview. En catastrophe, l’agence Magnum avait dû dénicher un photographe, le soir de la Saint-Sylvestre, pour partir à Cuba. J’ai aussitôt quitté Zurich pour Prague, où j’ai pris un Iliouchine soviétique en provenance de Moscou pour La Havane", avait raconté René Burri dans une interviewé donné au site Rue89 en 2007.

Une aubaine pour le photographe suisse qui, cinq ans auparavant, avait décliné une proposition de l'agence Magnum de reportage à Cuba, pile à la période où Che Guevara et Fidel Castro avaient fait basculer le régime de Baptista. Cette nouvelle interview sonne alors comme une petite revanche sur le destin.

Près de 200 clichés

Arrivé à La Havane, il se rend au bureau du Che, alors ministre de l'industrie et 2e homme du pays - son visage est imprimé sur les billets de deux pesos, situé au 8e étage d'un hôtel. "Lorsque j’ai vu que les stores étaient baissés, après nous être introduits, je lui ai demandé en français : "Che, est-ce que je peux ouvrir les stores? J’ai besoin d’un peu de lumière". Mais il a refusé. Je me suis dit “bon ok, c’est son visage, pas le mien" relatait le photographe suisse dans une interview accordée au Guardian.

René Burri ne comprendra que bien des années plus tard, la froideur du guerillero. "Andrew St George avait photographié les révolutionnaires cubains dans le maquis. Puis il avait immortalisé les contre-révolutionnaires, un crime de lèse-majesté pour le Che. Et elles avaient été diffusées avec le nom de Magnum." Un nom associé à celui de Burri quand il rencontre le Che, explique le 24 Heures dans une interview donnée en 2012.

Ernesto Guevara et la journaliste de Look se lancent ensuite dans un long et animé débat idéologique. Pendant ce temps, René Burri mitraille. Il mitraille tant et si bien que trois heures plus tard, il repart du bureau avec trois bobines de films pleines, soit près de 200 clichés.

Sur ces photos, on voit le Che dans toutes sortes de postures, le visage animé de diverses expressions: souriant, furieux, inquiet, sévère, de dos, de face. Et parmi elles, le fameux cliché du guerillero mâchonnant son cigare que l'Histoire retiendra.

Icône populaire

Mais le cliché de Burri n'est pas la seule photographie à alimenter le mythe du Che. On pense aussi à l'image de lui, le béret à l'étoile enfoncé sur les oreilles, le regard au loin et les cheveux en bataille. Immortalisé le 5 mars 1960 lors d’un discours de Fidel Castro au cimetière de Colon, elle est l'oeuvre d'Alberto Korda, un photographe cubain.

Les deux clichés sont devenus les symboles de la révolution cubaine tout comme des icônes pop à part entière, repris sur tous les supports, déclinés sous toutes les formes, du t-shirt au mug à café en passant par le sac à main ou le caleçon. "Aspect contradictoire puisqu’en bon marxiste, un des principes qu’il défendait était l’anti-capitalisme" relève le site Konbini. "En tout cas, le désormais regretté René Burri expliquait très humblement au Guardian en 2010 : "Cette photo est connue grâce au type avec le cigare, pas grâce à moi."

Votre publicité ici avec IMPACT_medias