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Le «chantage» de l'UBS irrite les partis politiques

L'UBS menace de délocaliser des fonds propres si la politique lui impose de nouvelles règles contraignantes. Les élus n'apprécient pas du tout.

03 mars 2011, 04:15

«Je trouve une telle menace absolument inacceptable et maladroite de la part d'une banque qui a été sauvée par l'ensemble des citoyens de ce pays et par la politique. Ce retour de l'arrogance m'est insupportable.» Président du PDC suisse, Christophe Darbellay ne mâche pas ses mots envers l'UBS. Et sous la Coupole, ils sont nombreux comme lui à avoir été irrités par les récentes déclarations des dirigeants de la grande banque.

Depuis plusieurs semaines, le directeur général Oswald Grübel et l'ancien conseiller fédéral Kaspar Villiger, président du conseil d'administration d'UBS, critiquent les nouvelles exigences que veut leur imposer le Conseil fédéral en matière de fonds propres. Baptisées «too big to fail» - pour les banques «trop grandes pour faire faillite» -, ces règles visent à éviter que les grandes banques ne puissent entraîner l'entier de l'économie suisse dans leur naufrage. Mais UBS trouve le corset tricoté par la politique beaucoup trop serré en comparaison de celui imposé à ses concurrents. «J'accepte une différence de législation avec l'étranger, mais cette différence ne doit pas être si grande!», clamait Kaspar Villiger la semaine dernière devant la presse romande. Et les dirigeants de la banque d'avertir: si le Parlement accepte la réglementation en consultation, UBS pourrait se transformer en holding et délocaliser une partie de ses fonds propres à l'étranger.

«Chantage», rétorque le président du Parti socialiste suisse Christian Levrat. «L'UBS siégeait dans la commission d'experts dont le Conseil fédéral a repris l'essentiel des propositions. Aujourd'hui, elle tente de s'en distancer. C'est inadmissible. «On pourra rediscuter des détails, en particulier des délais fixés pour le relèvement des fonds propres. Mais une remise en discussion des principes n'est pas possible», souligne Fulvio Pelli, président du Parti libéral-radical suisse

Jean-François Rime (UDC/FR) se trouve sur la même ligne: «Je n'ai pas tellement confiance dans les grandes banques. Si on les laisse faire, elles repartiront sur une voie dangereuse. Nous sommes passés tout près d'une catastrophe, ce n'est pas pour y replonger tout de suite». «La Suisse est en effet dans une situation particulière, puisque le bilan d'UBS équivaut à 200% de son produit intérieur brut», rappelle Christian Levrat. Quant à la menace d'une délocalisation d'une partie des fonds propres d'UBS, elle n'émeut pas Fulvio Pelli: «Si elle passe à l'acte, elle sera définitivement une banque étrangère, et plus une banque suisse.»

Officiellement, le parlement maintient donc le cap sur «Too big to fail». Pourtant, Christian Levrat se dit «inquiet». Le Fribourgeois craint que, sous la pression des grandes banques et d'Economiesuisse, les partis bourgeois n'édulcorent la réglementation en discussion. De fait, Christophe Darbellay indique que le PDC suivra les propositions de la commission d'experts, mais pas le durcissement supplémentaire voulu par le Conseil fédéral. De son côté, Fulvio Pelli attend aussi du Conseil fédéral qu'il «fasse bouger les choses à l'étranger.» Des propos qui font écho à une récente interview de Patrick Odier, président de l'Association suisse des banquiers et vice-président d'Economiesuisse: «Nous soutenons une solution suisse, mais nous comptons aussi sur notre présence dans les instances internationales de régulation pour inciter les autres à agir.»

Quant au Credit Suisse, il se fait pour l'instant discret. Dans une prise de position écrite, il rappelle qu'il soutient les propositions de la commission d'experts et que, pour le reste, il répondra dans le cadre de la consultation, qui court jusqu'au 23 mars. Mais sans attendre, dans les coulisses du Parlement, un intense travail de lobbying a commencé. Et la bataille s'annonce terrible. /SGU

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