Le Conseil fédéral a décidé mercredi d'élaborer un plan d'action visant à réduire les risques liés aux pesticides et autres produits phytosanitaires. Il veut aussi offrir davantage de nourriture aux abeilles en favorisant les surfaces fleuries.
Les mesures proposées découlent de deux rapports élaborés en réponse à des requêtes du Parlement. La croissance des pertes de colonies mélifères constatée depuis une dizaine d'années a des causes multiples. La combinaison de facteurs isolés - parasites, maladies, alimentation déficiente et agriculture intensive ayant recours aux pesticides- amplifie leur effet de manière exponentielle.
Le gouvernement prévoit donc d'intervenir sur plusieurs plans. Il a réclamé ainsi l'élaboration d'un plan d'action pour faire face aux dangers liés à l'utilisation de pesticides et autres insecticides d'ici fin 2016.
Pulvérisation
Une interdiction complète des produits phytosanitaires serait contreproductive, d'autres substances risquant de les remplacer. La Suisse s'aligne néanmoins sur l'Union européenne en appliquant un moratoire sur certains pesticides mortels pour les abeilles dans les cultures de maïs et de colza.
Mais à court terme, il est possible de réduire les risques en appliquant de nouvelles techniques de pulvérisation des produits. Elles permettent de limiter la dérive à l'extérieur des cultures traitées. Dans le domaine de la santé des abeilles, la Suisse a déjà mis en oeuvre différentes mesures. Mais elle doit redoubler d'efforts, selon les experts.
CFC obligatoire
Il s'agirait par exemple d'introduire un certificat de capacité obligatoire pour la détention d'abeilles. Les apiculteurs et apicultrices devraient en outre suivre des formations continues et se plier à des bonnes pratiques apicoles.
Il est essentiel aussi d'améliorer les bases de subsistance des abeilles et autres insectes pollinisateurs. Le Conseil fédéral prévoit par exemple d'accorder des paiements directs pour promouvoir les plantations de bandes fleuries adaptées aux pollinisateurs.
Plus de fleurs
L'objectif est aussi d'améliorer la qualité des surfaces de promotion de la biodiversité et de conserver les milieux naturels fleuris. L'extension des surfaces fleuries doit aussi être envisagées dans les zones urbaines et l'espace public.
Autre domaine d'intervention, la recherche fondamentale et appliquée. La priorité devrait par exemple aller à la lutte contre le verroa (un parasite extrêmement dangereux pour les abeilles), l'influence des plantes OGM et l'analyse du pollen, ainsi qu'au lancement d'un programme de recherche national sur les pollinisateurs. Un service spécialisé devrait voir le jour.