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La régie d'annonces Publicitas est en train de s'effondrer

L'effondrement de la régie Publicitas est un nouveau coup dur pour les journaux, privés de l'une de leurs principales sources de revenus. Romandie Combi transfère ses activités chez Gassmann Media, à Bienne, dès le mardi 1er mai.

01 mai 2018, 06:30
Publicitas accuse des retards de paiement depuis longtemps.

Le monde de la presse écrite suisse est à nouveau frappé par la crise. Quelques mois seulement après les réductions d’effectifs de l’Agence télégraphique suisse (ATS), le regroupement des rédactions romandes de Tamedia et alors que la disparition de «L’Hebdo» est encore dans les têtes, une nouvelle épreuve frappe les éditeurs de journaux. Leur principale régie d’annonces, Publicitas, est en train de s’effondrer suite aux annonces en rafale du retrait de ses clients.

Structures de remplacement

Cet effondrement est en passe de priver les journaux de l’une de leurs principales sources de revenus. En réaction, les éditeurs créent des structures de remplacement. Ainsi, Romandie Combi, qui regroupe «La Liberté», «Le Nouvelliste», «ArcInfo», «Le Quotidien jurassien» et «Le Journal du Jura», attribue dès ce mardi à Gassmann Media, à Bienne, les affaires traitées jusqu’ici par Publicitas.

Un intermédiaire

La régie d’annonces, ou fermier d’annonces, est la société qui recueille la publicité auprès du public et des entreprises afin de la distribuer parmi les journaux où elle est appelée à paraître. Elle agit en intermédiaire entre les annonceurs, qu’ils soient l’épicier du coin ou le géant du commerce de détail, et le journal où leurs annonces doivent paraître. Elle recueille aussi bien les avis mortuaires que les annonces immobilières, d’emploi et les grandes pages de publicité en couleur qui parsèment les journaux.

Pourvoyeur de revenus

C’est elle qui facture à l’annonceur le coût de son annonce avant d’en reverser l’essentiel au journal, non sans avoir prélevé sa commission (de 5% à 25%). Dans un environnement où la publicité, en baisse, représente une part très importante du revenu de la presse écrite, sinon la plus importante pour de nombreux journaux, la régie d’annonces est le principal pourvoyeur de revenus des journaux. Mais lorsqu’elle se porte mal, voire est menacée dans sa survie, c’est celle des journaux qui est également remise en question.

Retards de paiement

Publicitas va mal. Très mal. Elle accumule les retards de paiement, voire les impayés. «Un contrat d’affermage typique prévoit un délai de paiement de 30 à 45 jours dès réception de l’annonce. Or, Publicitas, qui a reporté dans certains cas les paiements contractuels à 60 jours, les honore plutôt à 90 jours, voire davantage», remarque un fin connaisseur de la branche.

Et cela fait au moins deux ans que cette situation perdure, et même s’aggrave. Selon l’entreprise, cette glissade est due «à l’érosion des marges sous la pression des éditeurs et du recul du chiffre d’affaires provoqué par l’affaiblissement du marché des médias imprimés», indique Elisabeth Aubonney, responsable de communication.

Promesses non tenues

Les grands éditeurs ont décidé que cette situation ne pouvait plus durer. Mercredi dernier, Tamedia (éditeur notamment du «Matin Dimanche», de «La Tribune de Genève» et de «24 Heures») annonçait son intention de se passer désormais des services de Publicitas.

«Nous avons réagi à une accumulation de retards de paiements au fil des mois et de promesses non tenues de restructurations de l’entreprise, sans qu’il n’y ait eu d’élément déclencheur spécifique», indique Patrick Matthey, son porte-parole.

Coup de tonnerre

Cette décision a résonné comme un coup de tonnerre parmi les autres éditeurs et a déclenché des réactions en chaîne. Le lendemain, Ringier (éditeur notamment du «Temps» et de «L’Illustré»), NZZ (éditeur notamment de la «Neue Zürcher Zeitung») et AZ Medien (qui édite plusieurs journaux régionaux alémaniques) ont annoncé à leur tour la fin de leurs relations. Lundi, c’était au tour de Romandie Combi d’annoncer une mesure identique. La solution de repli de ces éditeurs est la création d’entités nouvelles reprenant, à dater de ce mardi 1er mai, les activités gérées jusqu’alors par Publicitas. Mais ils opèrent en ordre encore dispersé.

Premier pôle

Un premier pôle, révélé lundi matin, est constitué par Tamedia, NZZ, AZ Medien, Corriere del Ticino et l’association patronale VBS (Verband Schweizer Medien). Elle est destinée à tous les journaux, selon son président désigné, Jürg Weber, directeur du pôle des journaux régionaux de la NZZ. Les journaux de Romandie Combi ont annoncé la création de leur propre structure dans la même journée.

Tamedia «préparait sa communication depuis quelques semaines», révèle Patrick Matthey. Néanmoins, l’annonce de sa décision a pris les autres éditeurs de court. Bien sûr, ces derniers n’ignoraient rien de la réalité des affaires de Publicitas.

Anticipant les problèmes à venir, ils avaient commencé à prendre leurs dispositions, la constitution de réserves financières et la préparation de solutions alternatives. Ces projets n’étaient manifestement pas encore arrivés au stade opérationnel lorsque la foudre s’est abattue sur Publicitas.

 

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