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La prévention du suicide exige une réponse nationale

Après le rejet de l'initiative sur les armes, Stop Suicide demande aux pouvoirs publics de respecter leurs promesses. Le projet de loi sur la prévention offre une réponse partielle.

25 févr. 2011, 12:30

Le peuple et les cantons n'ont pas voulu de l'initiative sur les armes, mais les organisations actives dans le domaine de la prévention du suicide n'ont pas oublié les promesses faites pendant la campagne. «Les adversaires du projet ont prétendu qu'il était inutile de s'en prendre à des moyens comme les armes et qu'il fallait plutôt agir sur les causes du suicide», rappelle Florian Irminger, membre du comité de Stop Suicide.

«C'est précisément l'objectif que nous poursuivons en publiant un Livre blanc pour la prévention du suicide des jeunes». Ce document présenté hier à Berne préconise dix mesures dont la mise en place d'une coordination nationale.

La Suisse demeure un des seuls pays d'Europe occidentale à ne pas avoir de programme national de prévention du suicide, déplore l'association. Il n'y a que des actions cantonales et privées chapeautées par l'association faîtière Ipsilon qui regroupe une vingtaine d'organisations médicales, de prévention et de soutien. «La prévention est l'affaire des cantons», confirme Sabina Müller, porte-parole de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). «Actuellement, nous ne disposons pas d'une base légale pour mener des campagnes de prévention sur le plan national».

Le suicide est pourtant un problème de santé publique majeur. «C'est la première cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 25 ans», souligne Anne-Marie Trabichet, coordinatrice de Stop Suicide. «Chaque année, on dénombre quelque 120 victimes dans cette tranche d'âge, sans compter les tentatives qui sont dix fois plus nombreuses». L'association ne demande pas la lune.

Dans son Livre blanc, elle détaille des mesures de prévention simples comme l'écoute et le dialogue, la sensibilisation en milieu scolaire et la formation des travailleurs sociaux ainsi qu'une plus forte présence sur internet. Elle préconise aussi la multiplication des Alliances contre la dépression, constituées d'un réseau cantonal d'associations, de médecins et d'hôpitaux. Par ailleurs, elle ne renonce pas à demander une limitation de l'accès aux armes à feu ainsi qu'une sécurisation des ponts.

La mesure centrale est néanmoins le développement d'une coordination nationale. «Nous ne pouvons plus nous contenter de quelques initiatives locales», affirme Florian Irminger, «il faut que les pouvoirs publics se saisissent du problème». Pour Anne-Marie Trabichet, le contexte est favorable. «Le gouvernement s'apprête à présenter des mesures pour encadrer l'aide au suicide. S'il accepte le droit à la mort, il doit aussi s'engager pour le droit à la vie».

Ces requêtes ont été relayées au Parlement en 2008 déjà par la socialiste genevoise Liliane Maury-Pasquier et la démocrate-chrétienne fribourgeoise Thérèse Meyer. Les Chambres avaient cependant refusé d'intervenir dans l'attente du projet de loi sur la prévention et la promotion de la santé promis par le Conseil fédéral.

Ce texte sera soumis au Conseil national lors de session spéciale du mois d'avril. La question n'est pas réglée pour autant. Selon Thérèse Meyer, présidente de la commission de la sécurité sociale et de la santé publique, ce projet présente le défaut d'associer suicide et dépression. «Le suicide n'est pas forcément le fruit d'une maladie psychique», note-t-elle. «Il peut être dû à un coup de blues passager. Il faut en tenir compte dans les campagnes de prévention». Stop Suicide partage ce souci, mais l'OFSP confirme le caractère restrictif du projet de loi. La balle est dans le camp du Parlement! /CIM

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