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La mode du gratuit rattrape la SSR

30 mai 2011, 10:49

Quand certains aspirent aux ?tages sup?rieurs, lui se r?jouit d'en redescendre quelques-uns. Le Fribourgeois Roger de Weck, directeur g?n?ral de la SSR depuis le 1er janvier, quittera prochainement son bureau de ministre au 14e ?tage du si?ge bernois, malgr? son extraordinaire vue panoramique, pour un espace plus petit, mais plus proche de son ?quipe. Le capitaine du navire amiral SSR parle de ses cinq premiers mois au gouvernail et des d?fis qui attendent les m?dias du service public.

Une p?tition munie de 143.000 signatures demande que la redevance radio/TV soit abaiss?e de 462 ? 200 francs. Comment interpr?tez-vous ce mouvement contre la SSR?

Ce qui me travaille le plus, c'est que la jeune g?n?ration a grandi, en Suisse al?manique tout particuli?rement, dans la culture du gratuit. Elle a oubli? que le bon journalisme co?te de l'argent, et que la qualit? a son prix. Ce ph?nom?ne du gratuit, qui est un probl?me pour les journaux, est en train de rattraper la SSR.

Et si c'?tait le signe que pour une partie de son public, la SSR ?tait devenue ch?re, voire trop ch?re?

La redevance co?te 462 francs par an. S'il s'agissait de faire des programmes comp?titifs au niveau international en une seule langue au lieu de quatre, 260 francs suffiraient. Ensuite, quelque 50 francs vont aux t?l?visions et radios priv?es. Et le reste, soit ? peu pr?s 160 francs, est une contribution ? la solidarit? conf?d?rale pour que les Romands et la Suisse italienne aient des probl?mes ?quivalents ? ceux des Al?maniques, et pour que les Romanches aient un programme minimal.

Or, le secret de la stabilit? de la Suisse, c'est qu'elle n'a jamais pr?t?rit? les minorit?s. La SSR est l'une des institutions qui contribuent ? cet ?quilibre entre les r?gions linguistiques, et cela co?te 160 francs par an. Je pense que c'est un bon investissement pour notre pays. Offrir des programmes ?quivalents aux trois grandes r?gions linguistiques, ? mes yeux, est plus qu'une obligation l?gale, c'est ma conviction personnelle de Fribourgeois.

Au-del? de la redevance, le d?bat porte sur la d?finition du service public. Quelle est la v?tre?

J'y vois quatre dimensions. La premi?re, c'est la coh?sion nationale. La SSR est la place du village suisse, par exemple par le biais du sport, qui permet aux Suisses de se r?jouir ensemble ou, si l'on regarde les r?cents r?sultats de notre ?quipe nationale de football, pour ?tre tristes ensemble.

Deuxi?me ?l?ment: la qualit? populaire. Nous assistons, dans les m?dias qui s'adressent au plus large public, ? une tendance ? la ?boulevardisation?. On ne retient plus que ce qui est int?ressant, on se d?sint?resse de ce qui est important. Le service public doit tenir compte de ce qui est int?ressant, bien entendu, mais aussi de ce qui est important, et le rendre int?ressant pour garantir la qualit? du d?bat d?mocratique.

Troisi?me ?l?ment: le soutien ? la culture, ? commencer par le cin?ma suisse. Ces 14 derni?res ann?es, la SSR a ainsi vers? 276 millions pour la production de films suisses.

Enfin, si en France, en Italie, en Allemagne, la part de march? des grandes cha?nes de TV ?trang?res est infime, en Suisse, au contraire, elle est de 70%. Et nous devons nous battre pour d?fendre nos 30%. Les petits pays comme le n?tre, soumis ? une ?norme concurrence ?trang?re, ne pourraient maintenir une grande cha?ne de t?l?vision nationale sans financement public.

Ce service public exige-t-il 7 cha?nes TV et 18 stations radio?

Vous ne pouvez pas faire aujourd'hui un programme de t?l?vision comp?titif sur une seule cha?ne, ne serait-ce que pour avoir un minimum d'offre sportive. Ajoutez-y une cha?ne al?manique d'information, et nous sommes ? 7 cha?nes TV. Les radios, elles, se d?clinent par classes d'?ge. Pour atteindre les 3 classes d'?ge dans les 3 r?gions, ?a vous fait 9 cha?nes, plus une cha?ne culturelle par r?gion, ?a en fait 12, plus les Romanches et les petites cha?nes digitales qui co?tent tr?s peu d'argent, et on arrive ? 18.

Option Musique et Couleur 3 font-elles vraiment partie de votre mission de service public?

Malgr? le passage au num?rique, Option Musique a gard? un tr?s large public. C'est donc qu'elle r?pond ? un besoin. Nous travaillerons cette ann?e ? une strat?gie de l'offre, mais l'id?e selon laquelle tout ce qui peut ?tre fait par une station commerciale ne devrait pas ?tre fait par la SSR conduirait in?luctablement ? sa marginalisation.

Cette r?flexion sur l'offre n'est-elle pas n?cessaire pour permettre ? la SSR de retrouver des comptes b?n?ficiaires?

Une strat?gie de l'offre n'est pas un programme d'?conomies. Une ?mission s'impose au public au fil des ans, une cha?ne ? plus forte raison. Donc, il ne peut pas y avoir de d?cisions ? la va-vite quand il y a des investissements d'aussi longue haleine. Reste que nous renouerons avec les chiffres noirs en 2011, ? moins d'une crise, avec la volont? de d?gager une marge de man?uvre financi?re et entrepreneuriale pour effectuer les investissements importants qui nous attendent (passage ? la TV haute d?finition, ? la radio num?rique, par exemple).

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