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La hausse d'immigrés attise les passions

Le 1er mai, la libre circulation sera complète pour huit pays européens. La pression migratoire pourrait par conséquent s'intensifier. L'initiative Ecopop veut freiner le mouvement.

29 avr. 2011, 12:16

Dès la semaine prochaine, les ressortissants de huit des dix Etats qui ont adhéré à l'Union européenne (UE) en 2004 bénéficieront pleinement de la libre circulation des personnes. La période transitoire qui permettait à la Suisse de maintenir des restrictions à l'accès au marché du travail prend fin le 1er mai pour la Tchéquie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Hongrie, la Pologne, la Slovénie et la Slovaquie.

Compte tenu de l'évolution démographique récente, cette situation renforce les craintes d'une augmentation incontrôlée de la population. Et pas seulement au sein de l'UDC. Le 13 avril dernier, le Conseil national a adopté par 96 voix contre 59 une motion de l'UDC grison Christoffel Brändli qui charge le Conseil fédéral de proposer des mesures «pour corriger l'évolution observée au cours des dernières années en matière d'immigration». Seuls les socialistes et les Verts s'y sont opposés.

Le texte de la motion ne précise pas les mesures qui doivent être prises. Par contre, l'Association alémanique Ecopop (écologie et population) a une réponse toute prête. Elle commencera dès mardi prochain à récolter des signatures pour son initiative qui veut réduire l'augmentation de la population étrangère. En vertu du texte soumis par les initiants, le solde migratoire ne pourrait pas excéder 0,2% par an sur une moyenne de trois ans.

Négocier avec Bruxelles

Selon le porte-parole d'Ecopop, Albert Fritschi, cela équivaut à 20 à 25 000 personnes par an. «Cela donne une marge de manœuvre suffisante à l'économie», affirme-t-il. «Il faudra néanmoins renégocier l'accord sur la libre circulation pour être en mesure d'atteindre cet objectif.» Selon lui, les pays membres de l'UE qui assistent à une fuite des cerveaux ont tout intérêt à entrer en matière.

Les chiffres publiés hier par l'Office fédéral de la statistique montrent que la population s'accroît effectivement à un rythme soutenu depuis l'introduction de la libre circulation. A la fin de l'année 2010, la population résidente permanente se montait à 7,866 millions d'habitants, soit un accroissement de 80 700 personnes par rapport à 2009, dont 52 400 étrangers. Cette croissance de 1% est comparable aux augmentations enregistrées en 2009 et 2007.

En 2008, année record, la population s'était accrue de 141 000 personnes. Il faut remonter au début des années 1960 pour trouver un chiffre supérieur. A ce rythme là, le scénario démographique moyen qui prévoyait pour la Suisse une population de neuf millions d'habitants en 2060 pourrait se concrétiser beaucoup plus rapidement que prévu.

Le Conseil fédéral tente de calmer le jeu

Pour Christoffel Brändli, les problèmes qui en découlent sont nombreux. Il cite en vrac le sentiment d'insécurité de la population, les problèmes d'intégration, l'explosion des prix de l'immobilier et le mitage du territoire. Le Conseil fédéral tente de calmer le jeu en montrant que l'immigration est liée à la demande de main-d'œuvre et que les Européens venus travailler en Suisse sont particulièrement qualifiés. Un point de vue partagé par Economiesuisse qui estime que la situation est à l'avantage de la Suisse.

Pour Ecopop, c'est surtout la pression exercée sur les ressources naturelles qui pose problème. Elle se sent à cet égard plus proche des Verts libéraux que de l'UDC. Pour marquer la différence, Albert Fritschi précise que les réfugiés ne sont pas touchés par l'initiative. Chez les Verts, les sympathisans ont été rappelés à l'ordre par le président du parti, Ueli Leuenberger, pour qui les thèses d'Ecopop sentent le «réchauffé». Selon lui, le débat va inévitablement transformer les étrangers en boucs émissaires.

Pas de relais en Suisse romande

Encore faut-il qu'Ecopop parvienne à récolter les 100 000 signatures nécessaires à l'aboutissement de son initiative. Aucun parti ne veut être associé à ce projet, pas même l'UDC qui a ses propres marmites sur le feu. «Nous avons tenté en vain de former un groupe parlementaire supra partisan», reconnaît Albert Fritschi. En outre, le comité d'initiative n'a pas encore de relais en Suisse romande. Les Romands seraient néanmoins tout aussi sensibles que les Alémaniques à la problématique soulevée. «Preuve en est le succès du Mouvement des citoyens genevois.»

 

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