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La bien curieuse défense des médecins propharmaciens

La Fédération des médecins suisses (FMH) réagit vivement à l'idée de ne plus pouvoir vendre de médicaments. Elle se prétend soutenue par le Surveillant des prix. A tort: celui-ci dit l'inverse.

11 juin 2009, 11:49

La semaine dernière, Pascal Couchepin jetait un pavé dans la mare, devant le Conseil des Etats, en annonçant un projet d'interdiction de la vente directe de médicaments par les médecins en cabinets privés. Ce point serait intégré à la révision de la loi sur les produits thérapeutiques, dont un premier projet doit être envoyé en consultation cet été. Le ministre de la Santé s'attendait à des réactions.

Cela n'a pas manqué. Le lendemain, la FMH sortait un communiqué pour marquer son «grand étonnement» et sa volonté de s'opposer «de toutes ses forces» à cette idée. Un communiqué publié uniquement en allemand: si la vente de médicaments par les médecins (ou propharmacie) est générale dans 14 cantons alémaniques, elle n'existe pratiquement pas dans les cantons romands.

Que dit la FMH? Que les médecins concernés ne prescrivent «que le nécessaire», notamment des génériques, et qu'ils sont «fondamentalement plus économes» que leurs collègues non dispensateurs. Supprimer cette activité reviendrait à «pousser violemment les coûts vers le haut». La FMH ajoute que ces médecins ne prennent pas la taxe forfaitaire des pharmaciens (7fr55 par ordonnance).

Sur ce point, la FMH prend à témoin le Surveillant des prix qui, dit-elle, a «souvent critiqué cette rémunération basée sur les prestations» (qui constitue depuis 2001 le salaire des pharmaciens). Or, la Surveillance des prix dit, au contraire, qu'on ne peut pas comparer les frais de gestion des stocks des pharmaciens avec ceux des médecins dispensateurs (5000 médicaments contre 100 à 200). La Surveillance des prix a mené une étude poussée avant de s'exprimer.

Elle signale que, dans les cantons qui l'autorisent, les médecins réalisent un bénéfice net de 106 000 francs par an (en moyenne!) uniquement avec la vente de médicaments: «C'est beaucoup plus élevé que ce qu'on pensait. Et encore: on ne compte pas les ristournes versées par certaines entreprises grossistes». Ristournes, primes, participations? Comme exemple de ce système «choquant», la Surveillance des prix cite la pharmacie grossiste de vente directe par correspondance «Zur Rose», en Thurgovie, qui appartient à des médecins.

Comme actionnaires, ils sont associés au chiffre d'affaires de leur entreprise. On a même parlé d'une ristourne de 5 francs par ordonnance adressée à «Zur Rose». La Surveillance des prix ne parle pas encore de corruption, mais de «fausses incitations économiques» et de «distorsion de concurrence». Correctif proposé: abaisser la marge de 15% du prix de fabrique, destinée aux frais de distribution, en modulant cette baisse selon le canal: 12% aux pharmaciens (sans toucher au forfait), mais 8% aux médecins, dans une première étape.

Hier, Pascal Couchepin s'est toutefois montré sceptique à propos d'une marge différenciée, qui pourrait avoir l'effet non souhaité de se retourner contre les pharmaciens. Il proposera de ramener la marge à 12% pour tous. A plus long terme, la solution consistera bien à interdire aux médecins la vente de médicaments, avec des exceptions pour les régions reculées dépourvues de pharmacies. /FNU

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