Votre publicité ici avec IMPACT_medias

«L'initiative sur les minarets traduit avant tout la peur de l'autre»

Micheline Calmy-Rey participe demain à la Fête-Dieu de Savièse. Elle appelle au respect de la liberté religieuse, menacée par l'initiative antiminarets. Interview.

10 juin 2009, 09:32

Vous serez demain ? Savi?se pour la F?te-Dieu. Que repr?sente cette c?r?monie pour vous?

C'est une belle tradition populaire. Nous f?tons la pr?sence de Dieu parmi les gens. En m?me temps, c'est un facteur d'int?gration sociale car tout le monde est l?. J'ai particip? ? bien des processions de la F?te-Dieu durant mon enfance!

Vous allez participer au traditionnel cort?ge des autorit?s civiles et religieuses. Que faites-vous de la s?paration de l'Eglise et de l'Etat?

Ce qui est int?ressant dans cette tradition, c'est la sortie de Dieu dans la sph?re publique. Cela nous concerne tous car les valeurs qui nous font agir ont souvent des racines religieuses. Chez nous les Eglises sont peu fr?quent?es. Au plan international, le fait religieux est de plus en plus important. Certains s'en r?clament pour promouvoir leur ?mancipation politique.

C'est justement ce qui a provoqu? le lancement de l'initiative contre les minarets sur laquelle nous voterons ? la fin de l'ann?e?

C'est un d?bat embl?matique car il ne porte pas seulement sur la libert? religieuse ou la libert? d'expression. Il traduit la peur de l'autre. Cela se v?rifie aussi ailleurs avec le succ?s des partis populistes dans les derni?res ?lections europ?ennes. L'immigration d'une population qui n'a pas les m?mes traditions religieuses que les n?tres est un d?fi en termes d'int?gration.

C'est sur cet axe que vous allez faire campagne?

Je ne vais pas d?battre d'architecture car l'?dification des minarets rel?ve de la police des constructions. L'initiative est n?anmoins le reflet d'un malaise qu'il faut prendre au s?rieux: nous devons mener le d?bat. Je suis persuad?e que les Suissesses et les Suisses ont la maturit? n?cessaire pour comprendre o? sont leurs int?r?ts. En effet, sur le plan international, cette initiative ruinerait notre r?putation de b?tisseurs de ponts. Sur le plan ?conomique, elle fragiliserait nos ?changes avec les pays musulmans.

La crise avec la Libye met en ?vidence des diff?rences culturelles. Est-on plus proche d'une solution depuis votre visite?

Je pense qu'on a fait des progr?s, mais vous comprendrez que je ne puisse pas vous donner de d?tails.

Dans quel ?tat d'esprit avez-vous trouv? les deux Suisses retenus en Libye?

Ils traversent des moments difficiles, d'autant que l'un d'entre eux a des probl?mes de sant?. Cette situation dure depuis trop longtemps. J'ai ?t? heureuse de leur donner l'occasion de serrer leurs ?pouses dans leurs bras.

Un voyage ?motionnellement tr?s charg?. Est-ce compatible avec l'action politique?

Bien s?r. Il n'y a rien de plus important que la vie d'un ?tre humain. Je vous rappelle que nous avons aussi un otage retenu au Mali dans des conditions tr?s p?nibles. Ce type de situation a malheureusement tendance ? se multiplier.

La crise a chang? la donne pour tout le monde. Justifie-t-elle un report de la hausse pr?vue de l'aide au d?veloppement?

En p?riode de crise, il est d'autant plus n?cessaire d'aider les pays en d?veloppement car ils sont particuli?rement touch?s par ses effets. Les Etats-Unis et l'Union europ?enne ont pris des engagements ? cet ?gard. En Suisse, le Parlement a d?cid? de porter notre aide ? 0,5% du revenu national brut. Du fait de la crise, nous allons subir une baisse du RNB qui va entra?ner une hausse automatique de la proportion du revenu national consacr? au d?veloppement. Le Conseil f?d?ral fera des propositions cet automne.

Le premier mandat de la Suisse au nouveau Conseil des droits humains arrive ? son terme. Quel bilan en tirez-vous?

Cette institution a travers? des probl?mes de jeunesse mais elle a mis en place des m?canismes innovateurs qui ont fait leurs preuves, comme l'examen p?riodique universel. La philosophie du dialogue reste n?anmoins difficile ? mettre en ?uvre, mais il n'y a pas d'alternatives si on veut faire avancer la cause des droits humains.

Les ?lections europ?ennes montrent un virage ? droite. Pourquoi la gauche ne parvient-elle pas ? profiter de la crise?

Je constate que plusieurs partis socialistes europ?ens sont devenus des machines ? promouvoir des personnes ? certains postes et ils ne font plus de la politique avec les gens. En Suisse, apr?s les derni?res ?lections f?d?rales, nous avons aussi d? nous demander comme r?pondre aux pr?occupations r?elles de la population.

Un affrontement gauche-droite se pr?pare sur l'AVS. Pensez-vous qu'il faille un ?ge de la retraite identique pour femmes et hommes?

Je suis pour des solutions flexibles. Il y a des gens qui peuvent et veulent travailler plus longtemps, mais il y a aussi ceux qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas le faire. Nous devrions en tenir compte. /CIM

Votre publicité ici avec IMPACT_medias