Votre publicité ici avec IMPACT_medias

L'ère post-nucléaire reste fumeuse

09 juin 2011, 10:32

La majorité du Conseil national est disposée à s'engager sur la voie d'une sortie progressive du nucléaire. Le plénum a adopté hier par 101 voix contre 54 et 36 abstentions la motion du PDC valaisan Roberto Schmidt qui correspond à la ligne tracée par le Conseil fédéral. «C'est l'une des grandes décisions de la législature», se réjouit le président du PS Christian Levrat.

Roberto Schmidt plastronne: «ma motion aurait obtenu une majorité même si les libéraux radicaux ne s'étaient pas abstenus et avaient combattu le texte aux côtés de l'UDC». Le plénum a également adopté des motions des Verts et du parti bourgeois démocratique allant dans la même direction. Récemment acquis à la cause antinucléaire, le PDC a fait bloc derrière la motion Schmidt. On ne compte qu'une défection dans ses rangs, celle de l'Appenzellois Arthur Loepfe.

«Les convertis de la dernière heure sont les bienvenus, commente Christian Levrat, mais j'espère qu'il ne s'agit pas d'un simple repositionnement électoral. Je constate que le PDC s'en est tenu à une décision de principe et qu'il a rejeté les mesures concrètes». Réponse de Roberto Schmidt: «Nous attendons les propositions de Doris Leuthard». Cette dernière a indiqué qu'elles feraient l'objet d'une procédure de consultation l'année prochaine.

Pour leur part, les libéraux radicaux espèrent pouvoir redresser la situation lors du débat qui aura lieu cet automne au Conseil des Etats. C'est dans cet esprit qu'ils se sont abstenus lors du vote sur la motion Schmidt. «La Chambre des cantons est généralement plus raisonnable», note le président du PLR Fulvio Pelli. Le parti a fait une croix sur la construction de nouvelles centrales correspondant à la technologie actuelle, mais il souhaite obtenir un amendement qui laisserait la porte ouverte en cas de percée technologique. Les démocrates du centre sont plus clairs: ils ne veulent pas renoncer à une énergie nucléaire bon marché. Les deux partis de droite s'inquiètent de l'augmentation à venir du prix de l'électricité. Doris Leuthard répond que le prix des énergies renouvelables va baisser alors que celui du nucléaire va croître. «Tôt ou tard, les deux courbes se croiseront.»

Outre les motions sur la sortie du nucléaire, une centaine d'interventions parlementaires étaient soumises hier au Conseil national. Elles devaient permettre de préciser les moyens à mettre en œuvre pour concrétiser l'objectif, mais les votes qui ont déjà eu lieu (ils se poursuivent aujourd'hui) ne permettent pas de définir une ligne claire. Etat des lieux.

Centrales actuelles

Pas question de fermer prématurément les centrales de Mühleberg et Beznau I et II. La majorité estime qu'elles ne présentent pas davantage de risques que les centrales plus récentes. Elle ne veut pas non plus que le Conseil fédéral intervienne auprès de la France pour désaffecter la centrale de Fessenheim.

Malgré l'échec cinglant de l'initiative radicale qui voulait supprimer le droit de recours des organisations écologistes, la polémique resurgit de plus belle. Le Conseil national a adopté par 98 voix contre 87 et six abstentions une motion de l'UDC zurichois Hans Rutschmann qui veut supprimer le droit de recours des associations pour les projets relevant de la politique énergétique. En toile de fond de ce vote: l'opposition rencontrée par les éoliennes et par le rehaussement du barrage du Grimsel.

Recherche

Tout le monde est disposé à soutenir le développement des énergies renouvelables mais les instruments diffèrent. Le plénum a adopté par 137 voix contre 49 une motion du libéral radical neuchâtelois Laurent Favre qui propose de financer la recherche par des prélèvements au fonds de rétribution à prix coûtant. Ce fonds sert à subventionner la production électrique renouvelable. «On pourrait aussi recourir aux ressources de la taxe CO2», note Laurent Favre. Par contre, le Conseil national a écarté par 96 voix contre 92 une motion du socialiste neuchâtelois Jacques-André Maire qui va dans la même direction mais qui met davantage à contribution les entreprises.

Déplafonnement de la RPC

La rétribution à prix coûtant (RPC) du courant injecté est un instrument qui rend possible le recours à des sources d'énergie encore peu rentables comme le photovoltaïque. «Il est au cœur de notre politique», souligne Doris Leuthard. Cela n'a pas empêché le Conseil national de rejeter la motion du Vert vaudois Christian van Singer qui proposait de déplafonner le rachat à prix coûtant du courant vert afin d'encourager le recours aux énergies renouvelables.

La décision a été prise grâce à la voix prépondérante du président du Conseil national Jean-René Germanier (PLR /VS).

Votre publicité ici avec IMPACT_medias