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L'Eglise réformée veut enquêter sur les placements d'enfants forcés

Quel rôle a joué l'Eglise protestante dans les placements abusifs d'enfants aux 19e et 20e siècles? Pour le savoir, l'Eglise réformée tient à faire toute la lumière sur ce délicat dossier en lançant des travaux de recherche sur le sujet.

27 mars 2016, 14:16
De nombreuses victimes de placements forcés ont brisé le silence ces dernières années.

De nombreux enfants et jeunes adultes ont trop longtemps fait l’objet d’exploitation et de maltraitance alors que les autorités, l'Eglise et la société ont fermé les yeux, a indiqué la FEPS dans un communiqué. C'est pourquoi elle a organisé un colloque lundi dernier à Berne sur cette question.

Une soixantaine de personnes y ont participé, membres de l’Eglise réformée, scientifiques, politiciens et anciennes victimes. "Le scandale n’est pas qu’il y ait eu des placements extrafamiliaux, mais que la situation de nombreux enfants a empiré après leur placement. Maltraitance, exploitation ou abus sexuels ont été le quotidien de beaucoup de victimes", a résumé devant l'assemblée l'historien Thomas Huonker, cité dans le communiqué.

En l’absence de structures socio-étatiques, des pasteurs ou d’autres personnes engagées dans l’Eglise ont souvent été amenés à assumer une fonction dans la prise en charge ou la surveillance d’enfants placés de force dans des familles ou des foyers. Même si plusieurs d’entre eux figurent parmi ceux qui ont dénoncé le système, d’autres n’ont pas assumé leur devoir de défense des plus faibles et des plus vulnérables, constate la FEPS.

Délicate question de la responsabilité

Représentant de la FEPS à cette table ronde, Simon Hofstetter relève une asymétrie. Si l'Eglise catholique a déjà effectué ses propres recherches sur le sujet, il y a besoin de rattrapage côté réformé, a-t-il indiqué à l'ats.

Ces travaux devraient notamment porter sur les foyers et institutions gérées par les Eglises et communautés réformées. Rien qu'en Suisse alémanique, il y en a environ 200 qui ont accueilli des enfants.

La question de la responsabilité de l'Eglise n'est toutefois pas simple, note M. Hofstetter. Bon nombre de ces institutions étaient gérées par des associations et il n'y avait pas à l'époque de structure de supervision à un niveau supérieur.

Susciter la réflexion

L’objectif du colloque était de lancer la réflexion sur le rôle des Eglises réformées dans les pratiques de placements extrafamiliaux jusqu’en 1981. Il vise aussi à reconnaître la souffrance des victimes, leur réhabilitation et à ce que de tels faits ne se reproduisent plus.

La FEPS souhaite également que des approfondissements puissent être faits dans le cadre du programme national de la recherche prévu sur le sujet. Les actes du colloque devraient paraître d’ici fin 2016.

Création d'un fonds de soutien

Ces dernières années, des efforts en vue de la réhabilitation des victimes de placements abusifs ont été faits. Un Fonds d'aide immédiate a été créé par la Confédération. Les Eglises protestantes y ont notamment versé leur collecte de Pâques 2015.

L'initiative sur la réparation déposée en décembre 2014 demande la création d'un fonds de 500 millions. Dans son contre-projet indirect, le Conseil fédéral prévoit 300 millions. Les bénéficiaires devraient toucher en moyenne 20'000 à 25'000 francs. Berne estime le nombre de victimes entre 12'000 et 15'000, les initiants 20'000.

Outre les prestations financières, le projet gouvernemental vise à conférer une reconnaissance légale à l'injustice faite aux victimes et à garantir la conservation de leurs dossiers. Une étude scientifique complète est prévue, dont les résultats seront publiés dans les manuels scolaires du primaire et du secondaire.

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