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L'égalité des sexes? Encore trop théorique en Suisse

L'égalité des sexes est inscrite dans la Constitution suisse depuis près de 30 ans, mais, dans les faits, on en reste encore souvent au niveau théorique: ménage et retraite inférieure pour les femmes, salaires supérieur pour les hommes. L'une des solutions passe par l'augmentation des places d'accueil pour enfants.

27 mai 2014, 10:00
L'égalité des sexes est constitutionnelle, mais, dans la réalité, elle peine encore à s'imposer.

Plus de 30 ans après l'inscription de l'égalité des sexes dans la Constitution, elle reste encore trop souvent théorique, constate le Fonds national suisse (FNS). Afin d'améliorer la situation, il faut favoriser la conciliation entre famille et travail, notamment en permettant le temps partiel pour les hommes, jugent les chercheurs.

"Il ne faut pas plus de brochures sur l'égalité des sexes, mais plus d'action et le courage d'en faire une priorité", a lancé Brigitte Liebig, lors de la présentation mardi à Berne de l'étude réalisée dans le cadre du Programme national de recherche "Egalité entre hommes et femmes".

Car top souvent, cette question est repoussée en arrière-plan, avec l'excuse que des problèmes plus importants doivent être traités avant, a ajouté la professeur à la Haute école spécialisée de Suisse nord-occidentale. Or, réaliser l'égalité entre hommes et femmes apporterait non seulement plus de justice et des avantages économiques, mais permettrait également de résoudre des problèmes sociaux.

L'étude fait écho à la volonté affichée du Conseil fédéral de présenter d'ici l'été un projet pour concrétiser l'égalité des sexes. Les chercheurs mettent toutefois en garde: "la réalisation de l'égalité ne peut pas être prescrite par le haut: elle doit être soutenue par tous les membres de la société."

Et de constater que beaucoup reste à faire. Les stéréotypes des rôles homme-femme restent présents et continuent d'être transmis dès le plus jeune âge, consciemment ou pas. Les femmes prennent toujours en charge la majorité des tâches ménagères et domestiques, leur salaire reste inférieur à celui des hommes à travail et diplôme égal, et une fois la retraite venue, elles touchent une rente plus faible que celle des hommes.

Logique institutionnelle

Les mesures proposées doivent être adaptées aux cantons et favoriser dans les entreprises privées une culture accommodante pour les familles, a relevé René Levy, professeur à l'institut des sciences sociales de l'université de Lausanne. Il remarque également que l'inégalité est "moins une question de mentalité individuelle que de logique institutionnelle".

Et de citer l'exemple de la politique, dans les soins, du maintien à domicile. "En théorie, c'est bien. Mais dans la pratique, la personne malade va peser sur la famille, et notamment la femme, qui devra s'en occuper", a-t-il expliqué.

Abolir les barrières entre famille et travail

L'étude met également en évidence la nécessité de rendre possible le temps partiel pour les hommes, qui devrait être favorisé dans les entreprises. Un objectif important puisqu'il est lié à la conciliation entre vie familiale, sociale, formation et travail. Afin qu'elle soit possible, "des conditions de travail qui tiennent compte des besoins des familles sont aussi importantes qu'une offre d'accueil d'enfants", écrivent les chercheurs.

Et de souligner que dans les cantons et communes où l'offre d'accueil est suffisante, le partage des tâches familiales est plus équilibré. Pour accomplir l'égalité des sexes, la société doit donc prendre en charge une part des tâches traditionnellement dévolues aux femmes.

Par ailleurs, investir dans des crèches et des accueils scolaires "s'avère payant". De nouveaux emplois sont créés, les deux parents peuvent travailler davantage, donc gagnent plus et dépendent moins de prestations sociales.

Salaires transparents

L'inégalité salariale pourrait quant à elle être combattue grâce à des mesures pour rendre les salaires plus transparents, en revalorisant le travail domestique et en ajustant les institutions sociales, comme l'AVS.

Cela permettrait d'éviter que les personnes ayant travaillé à temps partiel ou interrompu une activité rémunérée pour s'occuper de tiers soient précarisées.

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