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«L'attentat avait pour but de tuer»

La lettre piégée parvenue au siège de Swissnuclear, à Olten, ne vient pas des milieux antinucléaires. Le Ministère public établit un lien avec les attentats anarchistes commis en Grèce et en Italie.

02 avr. 2011, 13:45

Il n'est plus possible de minimiser l'attentat à la lettre piégée commis jeudi à Olten au siège de Swissnuclear, la fédération des exploitants de centrales nucléaires. «La personne qui a ouvert le courrier a eu la chance de s'en sortir vivante», affirme le procureur fédéral, Carlo Bulletti, en charge de l'enquête. «Le but n'était pas de faire peur mais de tuer.»

Il en a donné hier pour preuve, photos à l'appui, les dégâts subis par le mobilier. Par chance, les deux employées touchées par l'explosion ne souffrent que de blessures superficielles. Cette violence inhabituelle en Suisse donne une nouvelle dimension à l'affaire. La piste anti-nucléaire est écartée. L'attentat a été revendiqué par la Fédération anarchiste informelle (FAI).

L'opération avait un caractère international. Le même jour, un officier italien a été blessé par l'explosion d'une lettre piégée dans une caserne à Livourne, tandis qu'à Athènes, la police a réussi à neutraliser une lettre piégée adressée à un directeur de prison. Les deux attentats ont également été revendiqués par la FAI.

Ce groupement est aussi responsable des colis piégés envoyés en décembre dernier dans les ambassades de Suisse, du Chili et de Grèce à Rome. «Le mode opératoire est similaire», note Carlo Bulletti. Un employé de l'ambassade suisse à Rome, ancien garde suisse, avait subi de graves blessures aux mains.

Le Ministère public de la Confédération s'interroge sur les objectifs de ces différentes attaques. La longue lettre de revendication trouvée à Olten dans les restes de l'envoi piégé ne contient aucune exigence concrète. Ecrite en italien, elle se contente de décrire la vision de la société de la FAI et mentionne trois anarchistes italiens soupçonnés d'avoir planifié un attentat à l'explosif contre le centre IBM à Rüschlikon. Ils ont été arrêtés à la mi-avril 2010. La lettre semble avoir été envoyée de l'étranger. Le Ministère public ne sait pas si des Suisses sont impliqués. Le groupement anarchiste n'en est pas à son premier fait d'armes. Sa première «signature» remonte à 2003 et visait les institutions européennes. «Compte tenu du nombre d'attentats perpétrés, il est à craindre que les auteurs n'en restent pas là», commente le procureur. Selon lui, il est difficile de prendre des mesures préventives contre des attaques qui ont un caractère aussi imprévisible. Preuve en est la diversité des cibles visées jeudi: une caserne, une prison, le siège d'une organisation pro-nucléaire.

«La charge explosive était très puissante. Jamais encore la Suisse n'avait été confrontée à un attentat aussi violent dans le domaine du terrorisme politique», souligne Ruedi Montanari, procureur général suppléant. L'enquête sera coordonnée sur le plan international. Une rencontre est prévue prochainement avec les enquêteurs étrangers concernés. /CIM

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