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L'atout de l'expérience gouvernementale

27 oct. 2011, 11:02

Deux conseillers d'Etat, deux attitudes. Tandis que le Neuchâtelois Jean Studer déclarait forfait, le Vaudois Pierre-Yves Maillard, 43 ans, a annoncé hier sa candidature au Conseil fédéral. Il avait délibérément attendu de connaître le résultat des élections pour faire part de sa décision. «J'aurais renoncé si le Parlement avait glissé à droite car la politique que je crois nécessaire au pays n'aurait pas été possible», a-t-il expliqué aux nombreux journalistes attirés par l'événement.

Un intérêt qui témoigne du poids attribué à cette candidature. Le directeur de la santé du canton de Vaud fait d'ores et déjà figure de favori avec le sénateur fribourgeois Alain Berset. La liste des candidatures n'est cependant pas encore bouclée. Outre le conseiller national valaisan Stéphane Rossini qui s'était déjà mis sur les rangs, on attend encore cette semaine la décision de la ministre jurassienne Elisabeth Baume-Schneider. Hier en soirée, la conseillère nationale tessinoise Marina Carobbio s'est aussi déclarée candidate au Conseil fédéral.

Avec l'entrée en lice de Pierre-Yves Maillard, l'Assemblée fédérale est assurée de pouvoir faire son choix le 14 décembre entre deux profils très différents. D'un côté, l'homme de terrain, ancien syndicaliste, ancien conseiller national et conseiller d'Etat en fonction, de l'autre des parlementaires sans expérience gouvernementale mais qui maîtrisent l'appareil et qui ont l'avantage d'être connus sous la Coupole.

Alain Berset peut notamment compter sur l'esprit de corps du Conseil des Etats. Le passé a montré que cela jouait un rôle important. Pierre-Yves Maillard s'apprête à rattraper son retard grâce au réseau vaudois. Il peut notamment compter sur la sénatrice Géraldine Savary pour l'aider à contrebalancer l'impact de son concurrent fribourgeois dans la Chambre haute. Il va aussi faire jouer ses contacts au sein de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé dont il est le président.

Rossini marginalisé

La candidature du Vaudois va faire de l'ombre à celle de Stéphane Rossini car ils ont tous deux un profil de spécialistes de la santé publique. Aujourd'hui, le Valaisan n'a plus guère de chance de figurer sur le ticket socialiste. Néanmoins, Pierre-Yves Maillard doit encore convaincre la droite de l'Assemblée fédérale, rassurée par le style policé d'Alain Berset, qu'il n'est pas un extrémiste incapable de se glisser dans le moule d'un gouvernement collégial.

Conseiller d'Etat depuis 2004, il s'est attaché hier à démontrer qu'il avait contribué à rétablir l'équilibre du budget cantonal et qu'il avait su chercher le compromis au sein d'un gouvernement majoritairement bourgeois. «J'ai bien travaillé avec Jean-Claude Mermoud qui était un vrai UDC. Cela suppose, de part et d'autre, de la loyauté et le sens de l'Etat.» Il a aussi mis en évidence son attachement au fédéralisme et plaidé pour un renforcement des liens entre la Confédération et les cantons. «C'est bien que des conseillers d'Etat accèdent de temps en temps au Conseil fédéral!»

Le candidat veut aussi prouver qu'il n'est pas l'homme d'un seul département. Il s'est livré à un vibrant plaidoyer en faveur de la modernisation des infrastructures et du développement des énergies renouvelables. Son idée: créer un fonds d'investissement ouvert aux caisses de pension. Pas trace d'intégrisme vert chez lui: il estime que la mise en place des éoliennes donne lieu à un juridisme excessif compte tenu de la hauteur des enjeux.

A l'écoute du monde agricole

Pierre-Yves Maillard a également des idées dans le domaine de l'agriculture, comme s'il était déjà prêt à reprendre le département de Johann Schneider-Ammann. Selon lui, il faut continuer à protéger le secteur primaire, notamment en inscrivant un taux d'auto-approvisionnement dans la Constitution. Il n'est pas favorable à un accord de libre-échange agricole avec des pays qui subventionnent massivement leur production et ne la soumettent pas aux mêmes contraintes environnementales. Un point de vue qui devrait plaire aux milieux paysans surreprésentés à Berne.

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