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L'Arc lémanique entre en campagne

10 sept. 2011, 11:02

«Deux tiers des Romands non représentés au gouvernement?» A sa Une, le quotidien vaudois «24 heures» a donné hier le ton de la course à la succession de Micheline Calmy-Rey. A peine la socialiste genevoise a-t-elle annoncé son départ pour la fin de l'année qu'il affiche clairement les prétentions de l'Arc lémanique à conserver un siège au gouvernement. Entre les lignes, le conseiller vaudois Pierre-Yves Maillard apparaît comme le champion naturel de la région, contre le conseiller aux Etats fribourgeois Alain Berset, l'autre grand favori.

Ni l'un ni l'autre ne sont encore candidats. Pourtant, l'Arc (ou la presse?) lémanique entre déjà en campagne, mettant en avant son poids démographique (plus d'un million d'habitants) et son dynamisme économique. Et fait nouveau, c'est en région qu'il s'affirme. «Vaud et Genève partagent une communauté de destin. Nous collaborons d'ailleurs étroitement sur les dossiers de mobilité et de finances publiques», rappelle Roland Ecoffey, chef de l'Office vaudois des affaires extérieures.

Un ministre facilitateur

Avec l'élection d'un conseiller fédéral, une région ne doit certes pas attendre de «retour sur investissement», poursuit Roland Ecoffey. «Mais un ministre, et souvent avec lui son entourage, possède une sensibilité culturelle et politique ainsi qu'une connaissance du terrain bénéfiques à la promotion d'une région. Il peut aussi faciliter les contacts avec l'administration fédérale.» D'où l'importance de l'enjeu pour l'Arc lémanique.

La région parle-t-elle pour autant d'une seule voix? Entre Vaudois et Genevois, la Versoix tient toujours lieu de fossé culturel. En outre, en 2009, lors de la course à la succession de Pascal Couchepin au Conseil fédéral, les deux cantons défendaient chacun un candidat à la candidature (Pascal Broulis pour Vaud, Christian Lüscher pour Genève). Cette fois aussi, Genève devrait être présent dans la course aux papables socialistes, quitte à se rallier dans un deuxième temps à la candidature de Pierre-Yves Maillard s'il figure sur le ticket soumis à l'Assemblée fédérale le 14 décembre.

Que veut dire équitable?

Historiquement, il y a toujours eu un Genevois ou /et un Vaudois au Conseil fédéral, à de rares exceptions près (1875- 1881, 1944-1947, 1966-1973). Juridiquement, la Constitution fédérale stipule, elle, que «les diverses régions et les communautés linguistiques doivent être équitablement représentées au Conseil fédéral».

Dans la pratique, cette disposition s'applique de manière élastique. Comment justifier sinon l'absence du Tessin du gouvernement depuis le départ de Flavio Cotti en 1999? Certes, lors de la succession de Micheline Calmy-Rey, la conseillère nationale Marina Carobbio portera vraisemblablement les revendications de la Suisse italienne, que personne ne conteste sur le fond. Les chances d'élection de la Tessinoise paraissent malgré tout limitées.

De la même manière, la Suisse orientale s'est fortement mobilisée il y a un an derrière la libérale-radicale saint-galloise Karin Keller-Sutter pour conserver le siège de Hans-Rudolf Merz. Les intérêts des partis l'avaient néanmoins emporté sur les considérations régionales. «Nous avons débattu de cette question, mais elle n'a pas été jugée prioritaire», se souvient Urs Schwaller (FR), chef du groupe PDC aux Chambres. Qui ajoute sans surprise qu'à ses yeux, l'élection de son collègue sénateur fribourgeois Alain Berset serait «tout à fait admissible». «Fribourg fait pleinement partie de la Suisse romande.» Et tant pis si, avec le Neuchâtelois Didier Burkhalter et les Bernois Simonetta Sommaruga et Johann Schneider-Ammann, le Mittelland compte déjà trois représentants au gouvernement.

Indifférence alémanique

«Pour moi, la qualification et le parti des candidats priment. Qu'ils viennent de Suisse centrale, de Zurich ou de Berne n'est pas si important», enchérit l'Uranaise Gabi Huber, cheffe du groupe libéral-radical aux Chambres fédérales. A fortiori, «en tant qu'Alémanique, je ne me sens pas à même de juger des diverses sensibilités en Suisse romande». «Je ne crois pas que l'origine d'un candidat dicte le choix du parlement», ajoute Roland Ecoffey, «l'ambassadeur vaudois» à Berne, à qui Urs Schwaller répond en écho. «Cette question sera un problème de la Suisse romande, pas de la Suisse alémanique.»

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