L'ancien conseiller fédéral neuchâtelois Pierre Aubert est décédé mercredi. Chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) de 1978 à 1987, le Chaux-de-Fonnier fut aussi à deux reprises président de la Confédération, en 1983 et 1987.
Né le 3 mars 1927 à La Chaux-de-Fonds, Pierre Aubert descendait d'une famille protestante française réfugiée en Suisse après la Révocation de l'Edit de Nantes (1685). Il a fait ses classes à La Chaux-de-Fonds, avant d'étudier le droit aux Universités de Neuchâtel et Heidelberg. Il était marié et père de deux enfants.
Il avait entamé en 1952 une carrière d'avocat dans l'étude de son père à La Chaux-de-Fonds. Sa carrière politique a été marquée par son élection au Conseil fédéral, mais aussi par son élection au Conseil des Etats, en 1971, lorsqu'il devint le premier socialiste neuchâtelois à siéger à la chambre des cantons.
Originaire de La Chaux-de-Fonds
Entré en 1958 au Parti socialiste, Pierre Aubert a siégé au législatif de La Chaux-de-Fonds (1960-1968) et au Grand Conseil neuchâtelois (1961-1975), qu'il a présidé une année à partir de juin 1969. Au Conseil des Etats, il a présidé la commission du Jura ainsi qu'une des commissions liées à l'affaire Jeanmaire.
Elu au Conseil fédéral le 7 décembre 1977, Pierre Aubert prend en février 1978 la succession de Pierre Graber, un autre socialiste de La Chaux-de-Fonds, qui a fait carrière à Lausanne. "Je suis prêt à monter dans l'arène et à m'engager pour une politique extérieure de la Suisse plus active", déclare le nouveau chef du DFAE.
Revers cinglant
Mais les efforts de Pierre Aubert visant à donner une image ouverte de la Suisse n'ont guère été reconnus. En 1986, le conseiller fédéral avait mis tout son poids dans la balance pour faire accepter en votation populaire l'adhésion de la Suisse à l'ONU. Le projet subit un cinglant revers avec 75% de refus.
Pierre Aubert a marqué son passage au DFAE par ses voyages nombreux et les multiples contacts noués avec des personnalités de son époque. Il a inauguré l'ère des voyages hors d'Europe. En 1979, il a visité les principaux pays d'Afrique francophone. Il s'est également rendu en Chine (1986) et en Amérique du Sud (1984).
Affaire Blaser
La fin du mandat de Pierre Aubert a été marquée par les rebondissement de "l'affaire Blaser". Le conseiller fédéral reprochait à Eduard Blaser, alors chef du Corps suisse d'aide en cas de catastrophe (ASC), d'avoir outrepassé ses compétences. Le fonctionnaire avait finalement été suspendu en décembre 1986.
Pierre Aubert annoncera sa démission du Conseil fédéral en automne 1987. C'est à nouveau un représentant des Montagnes neuchâteloises, le Loclois René Felber, qui sera nommé en décembre à la tête du DFAE. De son côté, Pierre Aubert a passé une retraite paisible à Auvernier, près de Neuchâtel, tout en conservant une maison à La Chaux-de-Fonds.
L'hommage de Johann Schneider-Ammann
Le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann rend hommage à Pierre Aubert. "Ce dernier s'est engagé pour une Suisse ouverte et humaine lorsqu'il était à la tête des affaires étrangères", souligne-t-il.
"Pour les services rendus à notre pays, nous lui devons gratitude et respect", a réagi le ministre de l'économie dans un communiqué diffusé jeudi. Il ajoute qu'à titre personnel, il a beaucoup apprécié l'ancien conseiller fédéral. "Même lorsque ses forces ont commencé à l'abandonner, il n'a cessé de s'intéresser à tout et il m'a stimulé avec ses conseils amicaux et empreints d'humour."