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L'aide humanitaire ne suffit pas à la reconstruction d'Haïti

La Chaîne du Bonheur a concentré son aide dans les zones rurales d'Haïti. L'incurie de l'Etat empêche la reconstruction de la capitale. L'organisation a dressé hier à Berne un bilan de son action, un an après le séisme qui a frappé le pays.

07 janv. 2011, 07:14

Les Suisses ont été touchés par le tremblement de terre qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010. La collecte de fonds lancée par la Chaîne du Bonheur a rapporté 66 millions de francs. Seuls le tsunami et la catastrophe de Gondo ont suscité un élan de générosité supérieur.

La Chaîne du Bonheur a rendu hier des comptes à ses donateurs. Une année après le séisme, 22 millions ont été engagés dans une trentaine de projets mis en œuvre par 15 organisations d'entraide. Le travail sur le terrain va se poursuivre pendant au moins 5 ans, mais l'incurie de l'Etat rend le travail de reconstruction particulièrement difficile. Les organisations humanitaires ont pu intervenir efficacement dans les zones rurales, pas à Port-au-Prince

«La qualité de l'aide globale dépend beaucoup de la force de l'Etat car il est le seul à pouvoir assumer un rôle de régulation et de coordination», explique Alain Geiger, responsable du département projets de la Fondation. Or l'Etat est aux abonnés absents. Dans la capitale, les autorités se sont jusqu'ici montrées incapables de déblayer les gravats, clarifier les questions de propriété foncière et planifier la reconstruction. Cette faiblesse de l'Etat ne date pas du séisme. «Auparavant déjà», note Alain Geiger, «80% des écoliers allaient dans des écoles privées et 90% des services de santé étaient prodigués par des acteurs privés».

Dans ce contexte ingrat, les œuvres d'entraide suisses ont réussi à apporter une aide d'urgence à 370 000 personnes dont 160 000 touchées par le choléra. L'épidémie survenue en octobre a constitué une nouvelle épreuve pour les Haïtiens. Les ONG ont réagi en développant leur collaboration. «Nous avons pu créer un centre de traitement avec Terre des hommes et la Croix-Rouge suisse», indique le Dr Xavier Onrubia, de Médecins du Monde. «Seuls, nous n'y serions jamais parvenus».

Les organisations partenaires de la Chaîne du Bonheur ont aussi soutenu des projets de réhabilitation ou de reconstruction qui ont profité à 80 000 personnes. Il y a beaucoup à faire dans ce domaine. Heiner Gloor, expert de la Direction du développement et de la coopération (DDC), a évalué les dégâts après le séisme. «Je n'ai jamais vu de matériaux de construction d'aussi mauvaise qualité», affirme-t-il. Il insiste sur la nécessité de former les Haïtiens au respect des normes sismiques.

Les autres projets vont de l'aide alimentaire aux soins médicaux en passant par l'appui psychosocial aux rescapés et la protection des enfants. «Quelque 500 000 enfants sont livrés à eux-mêmes», rappelle le pédiatre Michel Roulet, en mission pour Terre des Hommes. «Ils subissent viols, agressions et mauvais traitements».

Les œuvres d'entraide vont poursuivre leurs efforts au cours de ces prochaines années en investissant les 44 millions de francs qui sont encore en réserve. Alain Geiger ne promet pas la lune: «L'aide humanitaire est un pont entre l'aide d'urgence et l'aide au développement. Ce n'est pas elle qui sortira Haïti de la pauvreté». /CIM

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