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L'accord sur l'UBS lié à l'accueil des Ouïghours

Le Conseil fédéral a obtenu un accord avec les autorités américaines dans leur différend fiscal avec la banque UBS en acceptant notamment d'accueillir en Suisse deux Ouïghours, ex-prisonniers de Guantanamo, selon des informations révélées par WikiLeaks et publiées hier en Norvège. La conseillère fédérale Doris Leuthard a démenti «tout lien direct».

21 janv. 2011, 12:05

Selon un câble diplomatique de l'ambassade américaine à Berne envoyé à Washington le 1er juillet 2009 révélé par WikiLeaks et publié par le quotidien norvégien «Aftenposten» et le site newsnetz.ch, Doris Leuthard, alors ministre de l'Economie, avait confirmé à un chargé d'affaires américain «l'engagement du gouvernement suisse à accepter sur son territoire plusieurs ex-détenus de Guantanamo».

A cet effet, elle lui avait demandé de lui fournir «plus de données le plus rapidement possible afin que les autorités suisses puissent faire avancer la procédure». Le chargé d'affaires lui avait assuré que ces informations lui seraient délivrées.

Doris Leuthard avait en outre informé le diplomate américain de la décision de la Suisse «de procéder à la fermeture des activités en Iran de la firme suédoise d'ingénierie Colenco», basée sur territoire helvétique.

Dès fin 2006, Washington avait fait part de ses préoccupations à Berne quant aux agissements de cette société, accusée de violer les sanctions liées au programme nucléaire iranien. Ce sujet avait du reste constitué l'un des points central de la rencontre en février 2009 entre la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et son homologue suisse Micheline Calmy-Rey, selon le câble diplomatique.

En faisant part de ces deux décisions aux autorités américaines, Doris Leuthard «avait clairement indiqué» qu'elles étaient liées à la conclusion d'un accord politique au sujet du différend fiscal opposant Washington à l'UBS, aux dires du diplomate. Cet accord, annoncé début août 2009, avait permis à la grande banque suisse d'échapper à un procès civil aux Etats-Unis.

Lors du contact entre le chargé d'affaires et Doris Leuthard, celle-ci avait en outre insisté sur le fait que ces actions «étaient des éléments montrant que la Suisse s'engageait à résoudre tous les problèmes entre nos deux pays».

Hier à Berne, la conseillère fédérale a rapidement réagi à ces révélations, démentant tout lien direct entre l'accord conclu entre Berne et Washington en 2009 et ces décisions politiques.

«Cette nouvelle nous a surpris», a poursuivi la ministre en charge de l'Environnement et de l'Energie, soulignant que la Suisse avait «toujours parlé de ces dossiers dans ses contacts bilatéraux avec les Etats-Unis. C'est normal». «Je ne vois pas en quoi cela constitue une révélation», a-t-elle ajouté.

«Lorsque Barack Obama a annoncé le 21 janvier 2009 qu'il prévoyait de fermer Guantanamo nous avons dit de manière autonome que nous étions prêts à accueillir plusieurs détenus», a indiqué Doris Leuthard.

En ce qui concerne la firme Colenco, «il n'y a pas de lien entre cette entreprise et l'affaire UBS», a-t-elle soutenu.

De son côté, Colenco a assuré ne jamais avoir entendu parler de suspension de ses activités ou de sanctions de l'ONU à son encontre, niant toute participation au programme nucléaire iranien.

Le gouvernement jurassien, qui a accueilli les deux Ouïghours en provenance de Guantanamo, a lui indiqué qu'il n'avait «pas connaissance» de l'accord évoqué par le câble diplomatique. /ats

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