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Keller-Sutter attendue en Messie

29 oct. 2011, 09:52

Les libéraux-radicaux ne jurent plus que par elle. A leurs yeux, elle est le Messie en jupon seule à même de relever le paralytique de la politique suisse. Depuis dimanche et la nouvelle défaite électorale (cinq sièges perdus au Conseil national, dégringolade de 17,7 à 15,1% des suffrages), le grand vieux parti - toujours plus vieux, toujours moins grand - cherche frénétiquement le moyen de rebondir. Quitte à s'en remettre au ciel. Ou à un sauveur providentiel comme successeur de son président, Fulvio Pelli, qui remettra son mandat en avril prochain.

Karin Keller-Sutter aurait le profil idéal. La conseillère d'Etat saint-galloise, 47 ans, a fait un tabac dimanche en obtenant son élection au Conseil des Etats au premier tour déjà, bien que confrontée à une forte concurrence dans son canton. Voilà qui atteste la popularité de cette politicienne qui s'est fait connaître autant pour sa ligne dure en matière d'asile et de lutte contre les hooligans que pour sa sensibilité envers les victimes de violence domestique.

Charisme reconnu

«Karin Keller-Sutter serait la présidente idéale. Elle défend une ligne politique très claire, elle a du charisme et est parfaitement bilingue», confirme le conseiller national genevois Christian Lüscher. «Nous avons besoin d'un bon communicateur, doté de charisme, capable de se mesurer en débat aux présidents d'autres partis, ayant fait ses preuves en matière de conduite et susceptible de préserver la cohésion du parti. Karin Keller-Sutter réunit toutes ces qualités», enchérit le Fribourgeois Jacques Bourgeois. «Une femme compétente, brillante, qui a de la carrure», salue Christelle Luisier, présidente du PLR vaudois. Un autre élu parle d'une «personnalité actuelle» qui ferait du bien au parti de par l'image jeune et dynamique qu'elle dégage.

Son futur mandat aux Etats incompatible

Las: à ce jour, sainte Karin demeure sourde aux implorations désespérées de ses troupes. Elle répète à qui veut l'entendre que son futur mandat aux Etats, où elle compte défendre en priorité les intérêts de son canton, lui semble incompatible avec la présidence du PLR. Celui-ci refuse pourtant de considérer ce «non» comme définitif - comme l'UDC s'accroche à la candidature du Thurgovien Roland Eberle au Conseil fédéral, quand bien même l'intéressé décline l'invitation.

La diva Keller-Sutter se ferait-elle simplement désirer? Elle pourrait ainsi se venger de son échec à l'élection au Conseil fédéral, l'an dernier, face à l'industriel et vice-président d'Economiesuisse, Johann Schneider-Ammann, que Fulvio Pelli (malice ou maladresse?) lui avait glissé dans les pattes. Au point que la favorite s'était pris les talons aiguille dans le tapis rouge...

Le parti manque cruellement de relève

Keller-Sutter «for président»: au PLR, c'est une évidence. Qui d'autre, au juste? Pour remplacer le Tessinois Fulvio Pelli, le parti cherche un(e) Alémanique. Mais outre-Sarine, le vivier est pauvre. Pressenti, le jeune conseiller national bernois Christian Wasserfallen est jugé à la fois trop raide et pas assez consistant. L'Argovien Philipp Müller fait peur à certains Romands en raison de ses idées sur l'immigration, très proches de celles de l'UDC. Quant au Zurichois Ruedi Noser, très «hype» et «cleantech», il a signé la campagne 2007 du parti. Campagne perdante, comme celle de 2011.

Ce manque de relève apparaît cruel pour une formation qui se pose en creuset des élites du pays. «En Suisse alémanique, le parti a pris un retard évident dans le renouvellement de son personnel politique», analyse un élu romand. «De bons éléments sont restés longtemps en place, et cela a peut-être freiné l'arrivée de la relève.»

Karin Keller-Sutter sera-t-elle la rose qui fleurira dans ce désert, ou du moins dans cette morne plaine? Le PLR a quatre mois pour la convaincre.

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