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Initiative pour les glaciers: «on ne va pas sortir de toute énergie fossile du jour au lendemain»

L’initiative fédérale pour les glaciers a été déposée mercredi à la Chancellerie fédérale. Elle veut interdire les énergies fossiles dès 2050. En 4 mois, l’Association suisse pour la protection du climat a récolté plus de 110’000 signatures. Sa coprésidente, la Biennoise Myriam Roth, estime que le texte ne va pas trop loin et prône un changement d’habitudes de la population.

27 nov. 2019, 20:00
Pour Myriam Roth, conseillère la ville de Bienne, l’initiative pour les glaciers aurait toutes ses chances devant le peuple.

Myriam Roth se tient dans une boutique de vêtements à Bienne qui fait aussi office de café. La conseillère de ville de 28 ans prépare, avec le sourire, la suite de son combat pour l’environnement. L’Association suisse pour la protection du climat, dont elle est coprésidente, a déposé ce mercredi à la Chancellerie fédérale les signatures de l’initiative populaire pour les glaciers. Interview.

Myriam Roth, pourquoi une Biennoise s’est mis en tête de sauver les glaciers valaisans, grisons ou uranais?

C’est vrai, je ne suis pas du tout proche des régions alpines. J’ai grandi en ville, je suis très citadine. Mais je suis attachée à l’avenir des gens. Je me suis engagée depuis presque dix ans dans ce domaine.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous battre pour la cause climatique?

Dans ma famille, on a toujours fait attention à la manière dont on consomme. Mais, à un moment donné, j’ai ressenti ce qu’on nomme en suisse-allemand un «Bauchgefühl», ce sentiment profond dans le ventre qui nous dit de faire quelque chose. Et j’ai décidé de rejoindre les Jeunes Verts…

Les Verts sont sortis gagnants des élections fédérales. En octobre 2018, dans l’émission Forum, vous disiez qu’on vous considère comme des «utopistes». C’est toujours le cas?

Non, on voit que les mentalités changent. Notre initiative tombe au bon moment. En quatre mois seulement, on a récolté plus de 110’000 signatures. Réussir cela en si peu de temps, ça nous a confortés dans l’idée que les gens sont prêts à s’engager.

 

En quatre mois seulement, on a récolté plus de 110’000 signatures.

 

Même si l’association n’a pas de couleur politique, l’initiative risque d’être perçue comme écologiste. Vous surfez sur la vague verte?

Oui, mais il faudra attendre que le texte passe aux chambres. Et ça, ça prend énormément de temps. Ce qui nous avantage surtout, c’est que le Conseil fédéral a déclaré en août que la Suisse doit viser la neutralité carbone d’ici à 2050. Cela veut dire que l’on pourrait avoir son soutien.

A lire aussi : Climat: la Suisse doit viser la neutralité carbone dès 2050

Quel est l’objectif de l’initiative?

Le but, c’est d’inscrire dans la Constitution les objectifs de l’accord de Paris qui a été signé par presque 130 pays. C’est-à-dire de sortir de toute énergie fossile d’ici à 2050, d’atteindre le zéro net. On veut faire comprendre aux Suisses que ce n’est pas parce qu’on arrête d’utiliser les énergies fossiles ou qu’on prend moins l’avion qu’on est malheureux dans la vie.

Pour les opposants, le texte va trop loin…

Les gens pensent que c’est une initiative extrémiste parce qu’on réclame un zéro net. Ils se disent: «comment va-t-on vivre sans énergie fossile?» Beaucoup de personnes ne veulent pas baisser leur niveau de vie. Elles ont peur. Mais on ne demande pas la lune. Ce qu’on veut, c’est ce à quoi la Suisse s’est déjà engagée à Paris. C’est l’initiative la moins radicale qu’on ait vue depuis longtemps.

Votre initiative pour les glaciers ne s’intéresse pas vraiment… aux glaciers. C’est tout de même trompeur, non?

On a eu de longues discussions au sein de l’association. Un glacier, c’est une image très forte en Suisse. Beaucoup de personnes sont très attachées aux Alpes, à la nature, au ski. Ils proviennent de milieux différents. Elles sont de droite, du centre, de gauche… Utiliser les glaciers, c’est émotionnel, mais ça permet de toucher plus de personnes. L’initiative se nomme aussi «pour un climat sain». On ne trompe pas les Suisses. Ils savent que les glaciers sont en train de disparaître et s’engagent justement pour cette raison. C’est un signal clair du réchauffement climatique.

 

Utiliser les glaciers permet de toucher plus de personnes.

 

Imaginons: le peuple accepte l’initiative, l’objectif est inscrit dans la loi. Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?

Il y a plein de choses à mettre en place. Tout ce qui touche à la construction et à l’isolation des bâtiments est important. Il faut repenser à la manière dont on utilise le trafic aérien, mettre en place une taxe sur les billets d’avion. La place financière est aussi très importante. On peut avoir un impact dans énormément de domaines.

La révision de la loi sur le CO2 ne suffit pas ?

Cette loi est une très bonne base. Elle va probablement être un peu modifiée et regagner en substance avec la nouvelle composition du Parlement. Mais elle n’est pas suffisante. On doit en faire plus.

A lire aussi : Environnement: la révision de la loi sur le CO2 expliquée en trois points (septembre 2019)

Concrètement, qu’est-ce que l’initiative impliquerait pour les gens?

Au début, ils ne vont pas remarquer grand-chose dans leur vie de tous les jours. Et ils auront le temps de se préparer à la suite. En Suisse, il faut des années et des années pour mettre en place ce genre de mesures. On ne va pas sortir de toute énergie fossile du jour au lendemain. Mais il faut changer nos habitudes si l’on veut continuer à bien vivre pouvoir vivre sur cette planète.

On se sent souvent démuni face au changement climatique. Qu’est-ce qu’on peut faire à titre individuel?

On peut diminuer sa consommation de viande, manger local et bio. On peut privilégier les modes de transport qui consomment moins de CO2 quand on voyage, en se déplaçant par exemple en train ou à vélo. Il faut aussi réfléchir à ne pas acheter tous ses vêtements chez H&M mais plutôt en seconde main. Faire du troc ou de l’échange aussi. Il y a énormément de petits gestes du quotidien où l’on peut avoir un impact.

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