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«Il s'agit de remettre l'individu au centre de notre action»

Au seuil de l'année électorale, le Parti socialiste veut dépasser son discours sur la défense des acquis sociaux. Pour qu'on investisse dans les individus, de la petite enfance à l'âge de la retraite. Et pour atteindre une réelle égalité des chances.

04 janv. 2011, 08:54

Le président du PS, Christian Levrat, parle de «rupture». Le concept global de politique sociale, présenté hier, dépasse le discours habituel du parti sur les assurances sociales: «Il s'agit de remettre l'individu (citoyen ou assuré) au centre de notre action, et non pas les mécanismes de telle ou telle assurance», dit-il. C'est d'autant plus nécessaire, ajoute le vice-président Stéphane Rossini, qu'une majorité politique cherche à «renouer avec la logique d'assistance de 1880, qu'on avait pourtant largement dépassée».

«Cette majorité (bourgeoise) présente la politique sociale uniquement comme un facteur de coûts», dénonce Pascale Bruderer, autre vice-présidente. Alors que sa tâche est aussi de fournir aux gens, au nom de la justice sociale, les moyens d'influencer le cours de leur vie et d'atteindre des objectifs, dit-elle en citant le prix Nobel d'économie Amartya Sen.

Viser une réelle égalité des chances durant toute l'existence, c'est aussi prévenir les situations dans lesquelles on a besoin des assurances, note Jacqueline Fehr, également vice-présidente.

En entamant cette année électorale, le PS lance donc un programme social qui se veut global et cohérent, préventif et correctif, articulé en cinq priorités. A commencer par l'enfance, car on manque encore de dizaines de milliers de places dans les crèches. Ensuite, l'école et l'accueil extrascolaire doivent mieux compenser les lacunes des élèves de milieux familiaux défavorisés. Quant aux places d'apprentissage, elles doivent aussi être conçues pour des jeunes en difficulté scolaire, sinon ils resteront sur le carreau.

Pour les adultes également, il faut prévoir un système de perfectionnement professionnel, de requalification et de formation continue. Comme les gens ne conservent plus le même emploi durant toute leur vie, les passages doivent être facilités, pas seulement pour les moins menacés, comme actuellement, mais surtout pour les autres. Une politique qui pourrait être attribuée à l'assurance chômage, en introduisant une cotisation sur l'entier du salaire (ce qui rapporterait environ 500 millions).

Christian Levrat insiste sur la nécessité d'assurer enfin (obligatoirement) la perte de gain dans l'assurance maladie: «Comment parler d'égalité des chances si, pour certains groupes de population, la maladie signifie l'exclusion?» Dans la foulée, on pourrait harmoniser les assurances maladie et accident, la seconde assurant déjà la perte de gain et proposant d'efficaces mesures de prévention de la santé.

Quatrième priorité: une «loi cadre sur le minimum d'existence». Pour les gens bénéficiant de prestations sociales, les régimes sont cloisonnés, qu'il s'agisse de rentes AI, de prestations complémentaires, d'aide sociale, de réduction de primes maladie. Et, surtout, il y a des «effets de seuil» où on préfère renoncer à un emploi, même peu payé, pour conserver les prestations. La loi cadre harmoniserait l'ensemble des instruments d'aide, de la Confédération, des cantons et des communes.

Enfin, l'échec de la 11e révision de l'AVS incite le PS à revenir à la charge avec une flexibilisation de l'âge de la retraite en fonction des années de cotisations. La retraite après 42 ans de cotisations, dès 62 ans et jusqu'à 65 ans (sans interdiction de travailler jusqu'à 67 ans). Là, le coup de pouce financier pourrait provenir d'un impôt sur les héritages et successions. /FNU

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