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«Il ne faut pas opposer politique et économie»

Le nouveau ministre de l'Economie Johann Schneider-Ammann est un libéral non dogmatique. Il appelle à la prudence en matière de libéralisation et de privatisation.

28 sept. 2010, 11:52

Le libéral radical bernois Johann Schneider-Ammann est l'un des vainqueurs de la nouvelle répartition des départements. Alors qu'on l'imaginait aux finances, il remplacera Doris Leuthard à la tête du Département de l'économie. C'est du pain béni pour cet ancien entrepreneur qui ne cache pas sa volonté d'intervenir le moins possible dans le secteur privé. Il entrera en fonction probablement début novembre, le temps de régler sa succession à la tête de la société Ammann. Interview.

Vous allez remettre votre entreprise. Ne pensez-vous pas que le pouvoir d'un entrepreneur est plus grand que celui d'un conseiller fédéral? Vous risquez d'être frustré…

Je ne le pense pas. La Suisse repose sur des valeurs qui méritent d'être défendues. J'ai beaucoup voyagé et j'ai pu me rendre compte à quel point sa situation est exceptionnelle. Je veux lutter pour perpétuer ces valeurs. Mais vous avez raison, je vais probablement perdre un peu de mon pouvoir de décision puisque je passe du statut de chef d'entreprise à celui de membre d'un collège. Je l'accepte car mon objectif n'est pas le pouvoir. A la fin de mon existence, je veux pouvoir dire, comme entrepreneur et comme politicien, que j'ai contribué au bien-être de ce pays.

Vous vous inscrivez dans la continuité. N'avez-vous pas de vision pour la Suisse?

La défense des acquis et des valeurs, c'est déjà une vision. Les pays qui nous entourent traversent une phase délicate et nous serons mis sous pression au cours de ces prochaines années. Si nous parvenons à défendre notre indépendance tout en maintenant notre prospérité et un faible taux de chômage, nous aurons rempli notre rôle.

Vous avez dit que vous chercheriez la proximité avec l'économie et non pas la distance. Est-ce compatible avec votre nouvelle fonction?

Il ne faut pas opposer la politique et l'économie. La politique doit offrir des conditions cadres qui permettent l'essor de l'économie. C'est dans l'intérêt général. L'un de mes rôles est donc de comprendre les besoins de l'économie pour assurer l'avenir du pays. Cela ne fait pas de moi un porte-parole d'economiesuisse ou de qui que ce soit d'autre. Mais je ne renie pas mon passé. J'étais jusqu'à maintenant un professionnel du secteur secondaire et je vais dorénavant siéger au Conseil fédéral.

Vous valorisez la concordance. Passe-t-elle par l'attribution de deux sièges à l'UDC?

La Suisse est un petit pays, Pour défendre ses intérêts, toutes les forces politiques doivent collaborer. A cet égard, la composition actuelle du Conseil fédéral n'est pas idéale, mais elle est due à des circonstances particulières. L'attribution d'un second siège à l'UDC dépendra de l'Assemblée fédérale.

En tant que ministre de l'économie, allez-vous continuer à combattre les bonus excessifs des grands managers?

J'ai condamné ces excès car je crains qu'ils ne conduisent à créer un cadre législatif qui réduira la marge de manœuvre des entreprises. La discussion est en cours et il faut trouver une solution flexible. Je continuerai à défendre au Conseil fédéral l'idée selon laquelle l'Etat doit s'immiscer le moins possible dans l'espace entrepreneurial.

Allez-vous aussi défendre le projet de taux unique de TVA qui était cher à Hans-Rudolf Merz?

Ma position ne diverge pas de la sienne. Ma préférence va à un taux unique sans exception. Je défendrai cette formule au gouvernement comme je le faisais déjà en tant que conseiller national, mais je me plierai évidemment à la décision du Collège. /CIM

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