Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Horlogerie: la dynamique pourrait ralentir un peu en 2019

L’industrie horlogère suisse devrait poursuivre sa croissance, même si la vitesse de croisière pourrait quelque peu s’essouffler.

19 déc. 2018, 15:40
L’industrie horlogère suisse devrait poursuivre sa croissance, même si la vitesse de croisière pourrait quelque peu s’essouffler.

L’industrie horlogère suisse devrait poursuivre sa croissance, même si la vitesse de croisière pourrait quelque peu s’essouffler. Les Chinois, la principale clientèle, pourraient réduire leurs achats lors de leurs voyages si leur monnaie continue à se déprécier. Une accentuation de la différence de performance entre les grandes et petites maisons est aussi attendue.

«D’une manière générale l’évolution positive des exportations, soutenue par l’Asie, devrait se poursuivre en 2019», estime le président de la Fédération horlogère suisse (FH), Jean-Daniel Pasche, sans donner plus de détail. La conjoncture mondiale, les tensions commerciales sino-américaines et les taux de change joueront évidemment un rôle important pour l’industrie, précise-t-il.

Hausse annuelle d’environ 4%

Pour René Weber, spécialiste du secteur horloger de la banque Vontobel, la progression des exportations des garde-temps helvétiques pourrait s’affaiblir. «Pour 2019, nous anticipons une hausse annuelle d’environ 4%, tandis que 2018 devrait se terminer sur un gain d’approximativement 6%», indique à AWP M. Weber.

Sur les dix premiers mois de 2018, les exportations ont pris 7,5% à 17,5 milliards tandis que les volumes, portés par les montres d’entrée de gamme, sont en légère baisse.

Le fort rebond des exportations horlogères en 2018, surtout au premier semestre, rendra l’avancée des exportations horlogères plus difficile en 2019, anticipe l’analyste de la banque zurichoise. Ce dernier craint aussi la dépréciation du renminbi n’amenuise quelque peu le pouvoir d’achat des Chinois. Le relâchement des tensions commerciales sino-américaines pourrait cependant assez vite inverser cette tendance négative, estime l’expert.

Karine Szegedi, spécialiste du secteur luxe chez Deloitte, s’attend qu’au vu des excellents chiffres du secteur à ce que la demande chinoise continue à croître. «La question à se poser c’est plutôt où est-ce que cette clientèle réalisera ses achats», soutient-elle, les devises jouant un rôle capital.

40% des recettes de l’industrie horlogère

La clientèle chinoise, avec ses emplettes domestiques mais aussi lors de ses voyages, permet d’engranger environ 40% des recettes de l’industrie horlogère suisse et 30% de l’industrie globale du luxe. Ce dernier chiffre devrait avancer jusqu’à 45% d’ici 2025, selon une étude de Bain.

«Un quart des achats de luxe sont réalisés localement et les trois quarts à l’étranger», fait remarquer Vontobel. Le gouvernement chinois pousse de plus en plus la consommation domestique, entre autres par des réductions de taxes sur certains produits comme la joaillerie cette année.

«La vente en ligne développée par les marques en Chine favorise aussi cette tendance», met en exergue Deloitte.

L’Europe derrière

Les ventes de montres en Europe, dont les recettes dépendent beaucoup des touristes, ne devraient connaître qu’une légère hausse ou une stagnation l’année prochaine, prédit Vontobel. De janvier à octobre, les revenus ont reculé d’environ 2%.

«Les difficultés économiques en Italie et maintenant en France ont une influence négative sur le flux des touristes», rappelle Jean-Daniel Pasche.

En début d’année, la Suisse, qui ne figure pas dans les chiffres des exportations, a particulièrement bien marché, lorsque le franc s’était déprécié par rapport à l’euro, a relevé l’analyste de Vontobel.

Les Etats-Unis, où la clientèle locale est plus importante, devraient continuer à progresser pour rattraper son retard des années précédentes, affirme la banque.
«L’acquisition du détaillant Tourneau par Bucherer montre l’intérêt pour ce marché et la progression de l’e-commerce aux Etats-Unis pourra notamment doper les ventes», complète Mme Szegedi.

Les petites marques à la peine

Les stocks chez les détaillants, notamment en Chine continentale et Hong Kong, ont diminué les derniers mois. «Du moins chez les détaillants qui publient régulièrement leurs chiffres», précise René Weber. Les horlogers surveillent maintenant mieux les ventes réelles aux clients finaux et leurs livraisons.

La consolidation des détaillants devrait se poursuivre globalement. Il sera ainsi de plus en plus difficile aux petites marques qui ne sont pas distribuées par ces grands détaillants d’exister dans les marchés clés, exacerbant les différences de performance avec les grandes marques reconnues, met en exergue Vontobel.

Pour contourner en partie ce handicap, la petite marque horlogère Dubois et Fils, basée à Bâle, a préféré miser sur la vente en ligne via son site, tout en ayant des points dans le monde où les clients peuvent essayer les montres.

«Nous avons préféré ce système à cause des stocks importants qui existent auprès des détaillants et éviter de voir nos montres vendues au rabais par ces distributeurs», a expliqué à AWP son directeur général directeur, Thomas Steinemann. Ce dernier se montre cependant prudent pour l’évolution du marché horloger ces prochains mois. «L’industrie ne devrait pas avancer significativement vu les stocks qui existent», soutient le responsable.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias